En février 2020, alors que je rédigeais les premières lignes des scénarios de la série, une chose était claire pour moi : mettre en scène une héroïne à l’image de la jeunesse d’aujourd’hui, cette jeunesse qui n’hésite pas à sortir dans la rue et manifester pour les causes auxquels elle croit. Une question s’imposa alors comme une évidence qui allait devenir la toile de fond sur laquelle s’est tranquillement dessiné le récit : quel pouvoir avons-nous réellement à titre de citoyens? Voilà donc le point de départ qui a mené à la création d’Ainsi va Manu et de ses personnages multiples et colorés.

Une famille menacée d’être expulsée de son appartement, une ville devenue bien trop chère trop rapidement, le monde d’une adolescente qui bascule. Plutôt que de se résigner à son sort, Manu décide de tenter de combattre l’éviction, à sa façon. 

Impossible n’est pas une excuse 

Alors que les adultes abandonnent avant d’avoir commencé la lutte, l’innocence et la détermination des jeunes viennent mettre des bâtons dans les roues du constructeur immobilier. Ainsi va Manu c’est l’histoire d’une jeunesse pleine d’espoir et de persévérance qui malgré les obstacles choisit l’action et la mobilisation citoyenne plutôt que le renoncement. 

Une série ancrée dans la réalité 

Certains peuvent se demander pourquoi avoir choisi la question de la crise immobilière pour interpeller la jeunesse d’aujourd’hui? D’abord et avant tout, car beaucoup de jeunes, que ce soit ici au Canada ou ailleurs, sont des victimes silencieuses de cette crise mondiale qui jette nombre de familles à la rue. Mais il s’agissait également d’aborder un sujet beaucoup plus vaste qui nous concerne tous.  À travers le phénomène de « rénoviction » auquel est confrontée Manu et sa famille, la jeune héroïne s’éveillera rapidement aux iniquités et injustices sociales de ce monde. Entre le modeste bloc appartements de Manu et la maison gigantesque de Matthew, on comprend rapidement qu’il existe bel et bien deux Toronto, celui des riches et celui des moins bien nantis, ceux qui subissent et ceux qui s’enrichissent. 

Mais ce n’est pas tout!

La série aborde également d’autres thématiques universelles. On parle notamment du deuil, alors qu’on apprend dès le départ que le père de Manu est décédé dans un accident. Mais il y a également la question des attentes familiales, de la santé mentale, des difficultés de communication intergénérationnelle et des relations amoureuses, bien évidemment!

Une héroïne à l’image de la jeunesse d’aujourd’hui

En créant cet univers, nous cherchions humblement à ancrer l’histoire de Manu dans la réalité d’aujourd’hui et à aborder des sujets différents de ceux que l’on retrouve souvent dans les séries qui s’adressent à un public jeunesse avec des personnages qui sont eux aussi un peu différents de ceux que l’on rencontre habituellement.

Manu, c’est une ado pétillante qui n’a pas froid aux yeux et qui croit qu’elle peut changer le monde. Sa meilleure amie Kim, est une jeune rebelle, hackeuse en herbe qui cherche à se tailler une place au sein de sa famille alors que Patrick, le frère jumeau de Kim, est un bédéiste en devenir qui cherche toujours à bien faire et qui se retrouve déchiré entre ses envies et les attentes de ses parents.  Ensemble, ce trio hors du commun décide de prendre les choses en main et se retrouve au cœur de multiples péripéties. 

Mais évidemment, ils ne sont pas seuls.  

Karine, cette mère veuve qui porte sa famille sur ses épaules à un point tel qu’elle ne trouve même pas le temps de vivre son deuil pleinement et Liam, un rayon de soleil, dont les bouleversements de la vie l’ont amené à développer un retard d’apprentissage. Il y a aussi Madame Gonzalez, une immigrante récemment arrivée au pays faisant face aux injustices d’un système qu’elle peine à comprendre puis Matthew, un jeune homme queer, dont la vie pourrait sembler parfaite si ce n’était le gouffre profond qui existe entre son père et lui. 

Une représentation authentique

En produisant Ainsi va Manu, Ania Jamila et moi avions le désir de créer une série jeunesse authentique, divertissante, teintée d’humour et pleine d’amour aussi. Il était également très important pour nous de faire place à une diversité que l’on voit encore trop peu à l’écran.  Nous sommes très fières de présenter la francophonie torontoise avec ses nombreux accents, de mettre à l’avant-plan des jeunes aux origines ethniques diverses, leurs univers complexes et un « melting-pot » langagier jonglant entre le français, l’anglais, mais aussi l’espagnol et le mandarin. 

Il s’agissait pour nous de donner vie à un monde qui nous ressemble autour de thématiques qui nous rassemblent, tout simplement.