Ce que la nature peut enseigner à nos enfants!

Par Roxanne Coupal

À l’ère des changements climatiques, des extinctions massives et de l’éco anxiété, l’humain s’éveille soudainement à la dissociation qu’il a maintenue avec l’environnement. Nous semblons oublier combien la nature contribue grandement à notre bien-être : la tranquillité du lac, le silence en présence des arbres, la lumière et la chaleur du soleil sur notre peau, le plaisir du gazouillis des oiseaux... Cela peut nous rappeler le Petit Prince qui avait apprivoisé sa rose. Il a appris à en prendre soin, à l’aimer. Les enseignants et les élèves peuvent aussi apprivoiser la nature.
Il va sans dire que l’on protège ce que l’on aime, ce qui est précieux et rare. La nature est un trésor irremplaçable, une richesse inestimable. Nous avons donc le devoir et la responsabilité en tant que parent et éducateur d’accompagner et de guider nos enfants et nos adolescents à apprécier la nature. Y-a-t-il un quelconque apprentissage dans cela? Plusieurs répondraient, assurément.

L’émerveillement

L’émerveillement amène la curiosité et diminue la peur de la nature. On peut facilement inviter les enfants à s’émerveiller devant les beautés de la nature en leur proposant certaines activités, certaines réflexions, comme par exemple trouver des formes, des chiffres, des couleurs. Vous seriez surpris par ce qu’ils peuvent identifier!

Osez poser des questions telles que :
- Peux-tu estimer le nombre d’arbres dans ce boisé?
- Explique-moi comment tu as fait l’estimation.


Prenez le temps d’arrêter et d’observer de près les brindilles, la neige, les flaques d’eau, l’écorce, les premières fleurs printanières. Amenez votre enfant à se questionner tout en modélisant.
- Je me demande si la couleur bleue est présente dans la forêt. Toi, que te demandes-tu?
- Je me demande pourquoi la branche a pris la forme d’un S.
- Je me demande qui a mangé les cocottes sous cet arbre.
- Je me demande qui a fait les trous dans cet arbre.
- Je me demande comment les arbres vivent sans feuilles.

Nous ne pouvons pas toujours avoir les réponses; parfois les enfants doivent émettre des hypothèses et trouver les réponses par eux-mêmes.

Développement d’une conscience écologique : l’écocitoyenneté

Le Petit Prince connaissait bien sa rose. Mieux connaître la nature nous permet d’apprécier sa complexité et ses bienfaits, mais surtout, elle nous permet de la respecter. Car si la nature prend soin d’elle-même, les humains lui donnent beaucoup de fil à retordre : elle n’arrive plus à se renouveler et ses mécanismes de défense nous sont néfastes et parfois même dévastateurs. Tout comme le Petit Prince ne voulait pas de piquet et de corde pour son mouton, ne cherchons pas à restreindre la nature, respectons-la, créons des liens avec elle. Que peut-on faire pour réduire notre impact sur la nature? Quels sont les meilleurs gestes écocitoyens? Qu’est-ce qui doit changer pour améliorer l’environnement et comment pouvons-nous y arriver? 

  1. Faire des choix responsables : réduire, réutiliser, recycler, composter, ramasser les détritus dans la communauté et dans les parcs.
  2. Trouver des solutions durables : éviter d’acheter des produits emballés, acheter bio et local, se déplacer en vélo ou prendre les transports en commun, changer ses habitudes alimentaires pour favoriser une alimentation végétale.
  3. Régler le problème à la source en se penchant sur la justice sociale : évaluer de façon critique les structures tout en proposant des changements au niveau systémique et politique, en cherchant et en adressant les causes d’injustice sociale.

Nous ne pouvons pas toujours avoir les réponses; parfois les enfants doivent émettre des hypothèses et trouver les réponses par eux-mêmes.

Éducation environnementale vs apprentissage en nature

L’éducation environnementale est la compréhension de la dépendance et de l’interdépendance des systèmes naturels, sociaux et économiques. Elle présente des problèmes profonds et complexes par lesquels les élèves développent l’empathie, le leadership, la résolution de problème, la collaboration, le sens d’entrepreneuriat et le comportement social pour le bien commun. 

L’apprentissage en nature, c’est tout simplement apprendre à l’extérieur. Au lieu d’aller à la bibliothèque, au gymnase ou au laboratoire, nous allons à l’extérieur pour lire, faire des mathématiques, exercer une activité physique, écrire de la poésie ou nous recueillir. On tente d’offrir un nouvel environnement à l’enfant afin qu’il soit plus stimulé et qu’il y trouve l’émerveillement, le plaisir et le bien-être. La recherche le démontre bien : se retrouver en nature offre de nombreux bienfaits à la santé physique et mentale dont la gestion du stress, la prévention de l’obésité, la gestion du risque, la réduction des symptômes de TDH et TDAH, la réduction de l’anxiété. Quelques conseils pour accompagner vos enfants en nature :

  • accorder un temps pour explorer librement leur environnement (toucher, regarder, explorer, se familiariser); 
  • modéliser et expliquer le savoir-vivre en nature (marcher sur les sentiers, dire bonjour aux gens que l’on rencontre en les regardant dans les yeux);
  • respecter la nature :
    • ne laisser aucune trace de son passage (déchets);
    • ne rien briser, cueillir ou arracher à la nature (si tous les gens cueillent les branches séchées pour faire des feux, les branches n’ont pas la chance de se décomposer pour nourrir le sol);
    • ne pas nourrir les animaux (ils n’ont pas besoin des humains pour se nourrir, et en plus ils en développent une dépendance).

Pendant la pandémie du coronavirus que nous connaissons actuellement, il peut sembler complexe d’appliquer l’apprentissage en nature; cependant, je vous propose les activités suivantes :

  • planter des semences à l’intérieur, en préparation du potager;
  • mesurer la longueur d’un arbre qui est tombé à l’aide d’une mitaine ou d’un objet de votre choix;
  • écrire les lettres de l’alphabet ou les chiffres avec un bâton dans la boue ou sur la neige;
  • vérifier ce qui flotte et ce qui coule dans une flaque d’eau;
  • construire un bateau de façon à ce qu’il flotte dans la flaque d’eau;
  • photographier les preuves de l’arrivée du printemps à l’aide d’un cellulaire;
  • trouver des pistes d’animaux sur le sol ou dans la neige, et tenter de les identifier;
  • construire un fort en respectant des mesures;
  • compter les écailles d’une pomme de pin et mesurer sa circonférence;
  • observer les nuages et les identifier;
  • faire des prévisions météorologiques pour 1 ou 2 journées en se fiant aux nuages;
  • créer une oeuvre d’art à partir d’une photo qu’on a prise en nature;
  • identifier les premières plantes qui éclosent (perce-neige, etc.);
  • identifier les arbres dans la cour ou dans le quartier.

Suite à cette pandémie, nous comprendrons peut-être mieux le Petit Prince. Aurons-nous pris soin de notre rose, ou encore aurons-nous apprivoisé le renard? Je nous le souhaite.

Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde.
Antoine de Saint-Exupéry

Roxanne Coupal
Conseillère pédagogique en Développement durable et écocitoyenneté CECCE

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