Ensemble autour de ton grand cerf-volant
L’édito de Caro
« Un jour je ferai mon grand cerf-volant
J'y ferai monter vos cent mille enfants
Ils vont m'entendre
Je les vois venir du soleil levant ».
Gilles Vigneault, Le grand cerf-volant
Il faut tout un village pour élever un enfant.
Tout un village pour lui faire découvrir le monde, pour l’encourager, pour lui donner le goût d’apprendre.
Tout un village autour de lui avec les mains solidaires de sa famille, du personnel de son école et de sa communauté… comme un filet de sécurité autour de son grand cerf-volant.
L’éducation est un jardin partagé par toute la société et c’est ensemble que nous devons unir nos forces pour aider chaque enfant à fleurir. Mais cette réussite éducative est une dynamique plurielle, souvent complexe. Y a-t-il trop de lumière dans le jardin? Pas assez? Trop d’eau?
Ce partenariat famille, école et communauté a un impact réel sur la motivation et la réussite éducative de chaque enfant.
Ta réussite, notre jardin!
Il n’y a pas de diplôme pour être parent. À cet effet, quel parent ne s’est jamais heurté à son manque de ressource un soir de devoirs plus difficiles en se disant : « Jusqu’où je dois aller pour aider efficacement mon enfant? »
C’est à ce moment que ce partenariat famille, école et communauté entre en jeu. Comme les parents sont ceux qui connaissent mieux leur enfant, leur implication est essentielle à son développement global. Si la communication entre l’école et la famille est fluide et valorisée, le parent pourra se tourner vers l’enseignante ou l’enseignant pour demander conseil ou simplement pour partager ses trucs pour motiver son enfant, partager ses observations, ses craintes ou ses interrogations sur un aspect du développement de l’enfant.
Unir les forces de la famille à celles de l’école prépare ainsi le jardin pour qu’il fleurisse au printemps.
La qualité du lien entre le personnel enseignant et les parents devient un soutien précieux pour soutenir l’enfant dans son parcours scolaire. Pour l’encourager, pour le valoriser afin qu’il se motive et s’engage.
Pour un partenariat fort entre parents et école :
-
- Observer et apprendre à connaître l’enfant pour créer un lien :
Chaque enfant a des forces et des fragilités, des besoins, des rêves et des opinions. Faire un pas vers lui, c’est améliorer sa confiance et sa motivation.
- Observer et apprendre à connaître l’enfant pour créer un lien :
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- Verbaliser nos attentes :
Tant pour les parents, le personnel scolaire que pour l’enfant, la communication fluide commence par l’expression des attentes claires et l’expression des besoins respectifs;
- Verbaliser nos attentes :
-
- Circonscrire le rôle de chacun :
La répartition des rôles permettra à chacun de savoir quel est son lot de terre à cultiver et de comprendre celui de l’autre. Ainsi l’enfant pourra percevoir la cohérence de part et d’autre. - Encourager l’enfant à l’école et à la maison. Chaque jour.
- Circonscrire le rôle de chacun :
Bref, cette implication des parents avec les intervenants scolaires est une clé qui ouvre la porte à la réussite éducative et à la motivation de leur enfant. Donc, ce partenariat famille, réseau scolaire et communauté est une compétence à construire par la parole et l’engagement de tous les acteurs. Cet écosystème est complexe, mais protecteur et pave le chemin à la motivation et la réussite éducative.
Les quatre domaines de la collaboration famille, école et communauté
Certains auteurs suggèrent que la collaboration famille, école et communauté se diviserait en quatre domaines : la communication entre l’école et la famille, l’exercice du rôle parental, la participation des parents à la vie de l’école, la collaboration avec la communauté pour répondre aux besoins des familles, des enfants et des jeunes.
Nous avons répertorié certaines pistes qui ont fait leurs preuves pour soutenir cet écosystème.
1) La communication entre l’école et la famille :
- mobiliser le personnel enseignant à développer le lien avec les familles (même au secondaire, cela a un impact sur la persévérance scolaire);
- spécifier clairement le type d’engagement parental attendu en début d’année;
- offrir un canal de communication simple et accessible à tous les parents;
- offrir un calendrier des apprentissages et des activités mensuels aux parents;
- offrir de la rétroaction sur les apprentissages de façon régulière;
- former un réseau de communication entre les parents;
- permettre aux parents de lire les messages de l’école dans leur langue première (faire traduire les messages importants, si c’est possible).
2) L’exercice du rôle parental :
- inviter les parents à « l’école des parents » : certaines institutions scolaires proposent ce concept. Elles offrent aux parents des ateliers, des formations, des conférences sur des thèmes précis, des stratégies de soutien aux devoirs, de discipline positive, etc. ;
- travailler en partenariat et en soutien avec les familles plus vulnérables : offrir le petit déjeuner à l’école, inviter des tuteurs à faire une période de devoirs à l’école après les cours;
3) La participation des parents à la vie de l’école :
- faire participer les parents aux célébrations des fêtes dans l’école, durant les sorties scolaires, les spectacles de fin d’année, etc.
- inviter les parents à venir partager leurs passions, leurs talents ou simplement pour présenter leur profession en classe (au secondaire, cela pourrait avoir un impact sur leur réflexion en matière de choix de carrière).
4) La collaboration avec la communauté pour soutenir l'école, les familles et les enfants :
Selon une étude longitudinale, il appert que la fréquentation de clubs de sport, les activités récréatives ou culturelles et le bénévolat ont un impact sur la réussite et la persévérance scolaires.
Sur ce point, pourquoi ne pas s’inspirer de l’approche holistique des Premiers Peuples. Ces derniers ont depuis longtemps compris que la communauté joue un rôle crucial dans l’épanouissement des enfants. Selon une enquête, des données montrent que pour 77% des jeunes Autochtones leur famille et leur communauté sont un soutien inestimé en matière d’apprentissage.
L’apprentissage pour eux est un processus hautement social où la parole et l’échange tiennent une place centrale. La communauté est au centre de la transmission des valeurs sociales, du développement identitaire et de la compréhension de soi et des autres.
Les activités parascolaires favorisent la cohésion sociale et le développement d’un sentiment d’appartenance à la communauté.
Qui plus est, elles permettent de développer d’autres compétences qui auront un impact sur la réussite éducative : socioémotionnelles, sensorimotrices, créatives, etc.
Selon le rapport Une approche holistique de l’évaluation de la réussite, l’apprentissage gagne à :
- Se concentrer sur les forces de l’enfant;
- Se poursuivre tout au long de sa vie;
- Faire place à l’expérience;
- Être ancré dans la culture et à valoriser la langue et les traditions;
- Faire place à la dimension spirituelle;
- Former des êtres humains complets.
C’est notamment pour toutes ces raisons que les aînés sont impliqués dans l’éducation des enfants ayant eux-mêmes appris tout au long de leur vie. Ils peuvent désormais transmettre leur expérience et leurs savoirs tant culturels, spirituels, socioémotionnels.
À l’instar des Premiers Peuples, invitons nos aînés dans la vie de nos enfants et pourquoi pas dans nos classes!
En contexte minoritaire… déploie tes ailes!
Les écoles de langue française en contexte minoritaire gagnent à établir des partenariats afin de faire découvrir la langue et la culture à leur communauté. Plusieurs écoles s’outillent en ce sens en développant des centres communautaires francophones. Pour soutenir ce partenariat, une recherche a été proposée par le ministère de l’Éducation de l’Ontario sous le nom ÉcoleCOmmunauté (ÉCO).
Pour promouvoir la culture et la langue, voici certains projets proposés par la communauté francophone de l’Ontario :
- emprunts de biens culturels en langue française;
- projets de radio communautaire en langue française;
- intégration des nouveaux arrivants;
- programme de nutrition;
- ouverture sur la communauté et diffusion de ressources en langue française;
- projets environnementaux;
- Sport-éducation;
- Artistes à l’école;
- etc.
Les auteurs de cette recherche affirment que la communauté francophone de l’Ontario a besoin de partenaires et de visibilité. C’est ensemble que les Francophones pourront transmettre leurs valeurs pour faire voler les grands cerfs-volants des générations futures.
« Je remonterai sur mon cerf-volant
Et vous laisserai vos cent mille enfants
Chargés d'eux-mêmes
Pour jeter les dés dans la main du temps ».
Gilles Vigneault, Le grand cerf-volant
Pour Vigneault, éduquer c’est un peu apprendre à naviguer avec son propre cerf-volant… L’éducation est un héritage pour les générations à venir. Ce sont la culture francophone, la poésie et les mots qui font voler nos cerfs-volants. En contexte minoritaire, cette poésie, cette langue revêtent une signification et une couleur toute particulière.
Pourquoi ne pas présenter la chanson du Grand cerf-volant en classe dans cette version avec un chœur d’enfants…
https://www.youtube.com/watch?v=1lprLycrtb4
Ensemble pour lui apprendre à voler sur son grand cerf-volant.
Encourageons ce partenariat famille, école et communauté dans notre effort collectif pour valoriser la langue et la culture et pour soutenir la persévérance scolaire!
Bien à vous,
Caro
Ressources
Bélanger, N., Dalley, P., Dionne, L. & Beaulieu, G. (2011). Les partenariats école-communauté et le marché scolaire de langue française en Ontario. Revue des sciences de l’éducation, 37(2), 375–402.
Jackson, Andrew, Paul Roberts et Shelley Harman (2001). Learning through Recreation (Data Analysis and Review)—A Report to the Laidlaw Foundation, Conseil canadien du développement social, Ottawa.
Varennes, H. (2017). Réussite en littératie et capital culturel. Éducation et francophonie, 45(2), 214–233. https://doi.org/10.7202/1043536ar
État de l’apprentissage chez les Autochtones au Canada : Une approche holistique de l’évaluation de la réussite. Ottawa, Canada. (2009). 77 pages
Caroline Moffet | Spécialiste en contenus éducatifs, TFO-IDÉLLO
cmoffet@tfo.org
Depuis plus de vingt ans, Caroline Moffet travaille dans le monde de l’éducation comme enseignante en contexte minoritaire, conseillère pédagogique, conceptrice pédagogique et spécialiste en contenus éducatifs. Elle a enseigné le français langue seconde (FLS) au Manitoba et auprès d’étudiants des Premiers Peuples. Elle a également développé du matériel pédagogique en FLS pour l’Université de Saint-Boniface et selon l’approche traditionnelle autochtone pour le Centre des Premières Nations Nikanite. Caroline a fait ses études de maîtrise en Éducation, est titulaire d’un baccalauréat en Études françaises et d’un certificat en pédagogie. Elle milite pour une pédagogie réflexive qui forme des individus créatifs et indépendants, des citoyens éveillés, engagés et heureux.
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