Mes notes ne me définissent pas ou comment apprivoiser l’anxiété de performance

Par Sylvie-Marie Coulet

                                JGI/Jamie Grill via Getty Images

L’histoire de Léa, dix ans

Léa est une élève attachante, intelligente et créative.
En cinquième année du primaire, elle se projette souvent dans le futur : elle veut intégrer un collège jouissant d’une bonne réputation pour pouvoir ensuite être acceptée dans une université prestigieuse. Pour cela, il lui faut d’excellentes notes. Maintenant. Tout de suite.
« Si j’ai des mauvaises notes, ça reste dans mon dossier scolaire et je ne pourrai pas aller dans le collège de mon choix ».
C’est ce qu’elle croit.
Elle se sent insultée quand elle obtient moins de 90 % à ses évaluations.
Elle s’inquiète de ne pas être à la hauteur, met les bouchées doubles pour étudier, et n’est jamais satisfaite d’elle-même.
Ses parents ont beau lui dire et lui répéter qu’ils seraient bien heureux avec des notes un peu moins élevées : rien n’y fait.
Depuis quelque temps, ils remarquent que leur fille a tendance à avoir des migraines, de la fatigue, des maux de ventre. Elle a tendance à se replier sur elle-même, socialise moins.
Étrangement, cela survient souvent avant une évaluation scolaire.
Inquiets, ils vont consulter un médecin : Léa est une enfant en parfaite santé.
C’est là qu’ils entendent pour la première fois les mots « anxiété de performance ».

Qu’est-ce que l’anxiété de performance?

Commençons par définir ce qu’est l’anxiété : les humains ont une fâcheuse propension à imaginer le pire en anticipation d’une situation à venir. Ils génèrent beaucoup de stress en se racontant des histoires qui finissent potentiellement mal. 

David confesse : 

« Chaque fois que je dois prendre l’avion, je pense tout le temps qu’il risque de s’écraser ».

David est anxieux. Il ne pense pas à ses prochaines vacances, au soleil et aux baignades dans les eaux cristallines. Pas du tout. Il pense que l’avion va s’écraser. 

C’est de l’anxiété.

Tout comme les adultes, les enfants peuvent être anxieux.

Changement de maison, d’école, séparation des parents, difficultés relationnelles avec leurs pairs, sans parler de la COVID-19 : autant de facteurs favorables à l’émergence de l’anxiété.  

L’anxiété de performance pourrait quant à elle se résumer par le fait de vivre dans la peur d’un échec et d’anticiper de façon négative l’hypothèse d’un échec.

Ce type d’anxiété n’est pas propre à l’école. Un enfant peut aussi ressentir de l’anxiété de performance dans d’autres sphères de sa vie : une évaluation de piano, de sport, etc.

Des symptômes variés

De multiples symptômes sont observables chez les personnes souffrant d’anxiété de performance, dont voici quelques exemples :

 Image propriété de Sylvie-Marie Coulet.

Les parents jouent-ils un rôle dans l’apparition de l’anxiété de performance?

On dit souvent : « À parents anxieux, enfants anxieux ».
Il n’est pas rare de trouver dans la famille des personnes présentant aussi cette forme d’anxiété.
Pas de panique! Si vous avez été ou que vous êtes encore dans cette situation, vous comprendrez d’autant mieux ce que ressent votre enfant et vous savez qu’il est possible de reprendre le contrôle!
Cependant, il faut admettre que l’attitude des parents relative aux attentes qu’ils ont envers leurs enfants peut générer de l’anxiété de performance.
Si votre enfant a l’impression (même fausse) que vous allez l’aimer davantage en ramenant des bonnes notes, cela génère une recherche excessive de performance. L’enfant se convainc que l’amour parental pourrait diminuer en cas d’échec. Il redouble donc d’efforts pour ne pas décevoir.
Gardons en tête que les parents parfaits n’existent pas et que les enfants naissent avec leur propre caractère!
Alors, restons vigilants sur la manière dont nous communiquons nos attentes à nos enfants, sans pour autant chercher à nous culpabiliser.

Une affaire de perception de soi

L’enfant anxieux de performance a souvent une perception erronée de ce qu’il est et de ses capacités.
Voici comment nous pourrions représenter son schéma de pensée :

Image propriété de Sylvie-Marie Coulet.

Dans sa vie imaginaire, l’enfant a de grandes attentes envers lui-même :  

  • La quête de la perfection.
  • Une pensée en mode blanc ou noir (donc sans nuances).
  • Une volonté de persistance de la performance (être tout le temps la meilleure ou le meilleur).

Dans sa propre perception, l’enfant a une vision de lui-même et de ses capacités erronées, et présente certaines tendances, comme :

  • Conclure qu’une situation d’échec vécue une fois va se répéter tout le temps. 
    •  « J’ai raté ce test de mathématiques, je vais donc tous les rater parce que je suis nul en maths ». 
  • Anticiper un échec et faire de l’évitement : 
    •  « De toute façon, je vais rater cette évaluation, alors je n’y vais pas ».
  • Surestimer les conséquences d’un échec : 
    •  « Je ne suis pas arrivée première à mon audition de violon, je ne pourrai jamais devenir une musicienne professionnelle ». 
  • Minimiser ses capacités : 
    •  « Je suis nul, je ne suis pas capable », avant même d’avoir essayé.
  • Transformer une expérience neutre ou positive en vécu négatif :
    • Ne pas accepter les compliments, mettre l’accent sur les petits ratés, attribuer le succès à la chance.
  • « Trop » se préparer avant une évaluation :
    • Hanna étudie encore et encore avant son évaluation en Études sociales. Bizarrement, elle obtient une mauvaise note. Trop de fatigue et de stress ont tout mêlé dans sa tête. 

La réalité, c’est sur quoi l’enfant anxieux doit travailler pour avoir une saine perception de sa personne et des situations d’évaluation rencontrées.

Que faire pour aider mon enfant anxieux?

Parfois, les parents peuvent se sentir impuissants face à une petite ou un petit anxieux de performance.

Voici quelques trucs pour aider votre enfant :

Rassurer

Un enfant, c’est bien plus qu’une somme de bonnes appréciations pour ses parents. Rappelez-lui ses qualités, et expliquez-lui que vous l’aimerez toujours pour tout ce qu’il est ou tout ce qu’il n’est pas, avec des bonnes ou des mauvaises notes. 

Cela vous semble évident? Peut-être pas pour lui!

Il faut aussi adopter une attitude d’écoute et de bienveillance : prendre un temps de qualité avec votre enfant pour parler de ses angoisses, de ses craintes.

Image propriété de Sylvie-Marie Coulet.

Valoriser l’effort plus que la performance

Camille est déçue de sa note en Français? 

Essayez de comprendre pourquoi elle pourrait penser qu’elle n’a pas suffisamment fait de son mieux : il se peut que ce soit vrai, comme il se peut qu’elle soit trop exigeante envers elle-même. Chacun a ses limites en termes de performance, et Camille doit aussi les identifier et les accepter.

Parlez-lui aussi de ses bons coups : pourquoi ne pas mettre en place un tableau des petites victoires en misant sur les efforts déployés sans générer du stress ou de l’angoisse plus que sur les résultats obtenus?

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Intégrer la notion d’échec comme une étape normale dans un processus d’apprentissage

L’échec fait partie intégrante de tout processus d’apprentissage, surtout que nous ne pouvons pas tout contrôler!

Montrez à votre enfant que vous aussi, vous avez vécu et que vous vivez encore de temps en temps des échecs.

Image propriété de Sylvie-Marie Coulet.

 

Équilibrer les différentes sphères de sa vie

Il arrive que certains enfants aient des agendas de ministre! Tout comme les adultes, ils ont besoin de souffler et même… de s’ennuyer!
Contrairement à ce que l’on peut croire, l’ennui est bénéfique, voire nécessaire, car il permet le repos, le développement de la créativité, de l’imaginaire, etc.
Un emploi du temps surchargé avec des activités plaçant l’enfant systématiquement dans une perspective de compétition et de performance ne va pas offrir cet espace de rencontre avec soi et offrir une « pause » au cerveau.

En cas de crise…

Enfin, si votre enfant manifeste fortement son anxiété, nommez ce que vous observez : « Je te sens… (fâché, triste, déçu, etc.) ». 

Aidez-le à décoder ses émotions en évitant de les banaliser ou de les juger.

Revenez plus tard sur l’événement en essayant de trouver ensemble des stratégies de retour au calme à appliquer dans le futur comme : vivre dans l’ici et le maintenant, apprendre à gérer la pensée stressante par rapport à la réalité, prendre le temps de respirer pour se détendre, etc.

En cas de doute et si vous estimez que votre enfant a besoin d’aide, n’hésitez pas à consulter des professionnels de la santé.

Vidéo Stress chez les enfants : comment vaincre l'anxiété de la série TFO 24.7

Le stress est un problème répandu chez les enfants, qui touche 10 % des jeunes canadiens. Au Centre de pédiatrie sociale de Gatineau, on utilise la peur des hauteurs en escalade pour aider les enfants à contrôler leur anxiété. C’est un programme qui allie la théorie et la pratique, à raison d’une heure par semaine pendant 12 semaines. Les enfants et les parents développent des outils qui leur servent à surmonter le stress. C’est un programme qui fonctionne et qui donne des résultats surprenants.

Visionner la vidéo Stress chez les enfants : comment vaincre l'anxiété de la série TFO 24.7 sur IDÉLLO

Vidéo Comment survivre à un gros exposé oral? de la série #écouteça!

L’anxiété. Exposé oral, compétition athlétique, match d’improvisation: les jeunes doivent souvent performer devant leurs pairs. Nombreux sont ceux qui développent de l’anxiété. « Et si je ne suis pas capable? Et si je me trompe? Et si je perdais mon pantalon?! »

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Sylvie-Marie Coulet | Conceptrice pédagogique et auteure

Passionnée par l'univers des enfants et la pédagogie, diplômée en Psychologie, j'ai à cœur de rédiger des activités éducatives en intégrant une dimension valorisant l'apprentissage socio-émotionnel. On dit qu'il faut un village pour élever un enfant, alors je suis heureuse de participer à cet engagement collectif en donnant vie à des histoires amusantes et inspirantes, en créant des cours en ligne pour les élèves, et en outillant le personnel enseignant et les parents à travers diverses productions écrites et conférences sur la thématique du bien-être des enfants.

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