On s’expose ou l’art de parler sexualité avec les jeunes

Par Sarah Lalonde

Depuis plusieurs années, les contenus jeunesse sur la sexualité se multiplient : Tout nu! Le dictionnaire bienveillant de la sexualité, la websérie On parle de sexe, le projet convergent Loov, le livre La masturbation ne rend pas sourd, le spécial sexualité de la revue Curium.

Parler de sexualité est de moins en moins tabou pour plusieurs. Et c'est tant mieux. Célébrons la bonne nouvelle et félicitons-nous pour tout ce chemin parcouru en peu de temps.

Mais (« Mme Ouimais » est un des p'tits surnoms que l'amoureux me donne)... il reste encore du chemin à faire. Et j'ai pour mon dire qu'on en parlera jamais assez. Surtout que le terrain de discussion est si vaste. Parler santé sexuelle ne se limite pas à jaser biologie ou ITSS, mais englobe de multiples facettes : consentement, masturbation, identité, orientation, cyberintimidation, désirs, communication, etc. (la liste est longue, amusez-vous à la compléter)

Et souvent, soyons honnêtes, en tant qu'adultes, la gêne d'en parler est parfois au rendez-vous ou alors nous ne savons pas toujours comment aborder un sujet en particulier ou même comment intégrer le tout dans un cursus scolaire déjà bien rempli. Et souvent, les jeunes, pourtant pleins d'interrogations, n'osent pas toujours amorcer le dialogue avec les adultes autour d'eux (surtout leurs parents) et cherchent leur réponse ailleurs... la plupart du temps sur le web.

D'où la création de On s'expose, capsules web qui abordent de front la sexualité avec positivité et où des jeunes (bravo aux talentueux.euse Nicolas Germain-Vien et Emma Elle Paterson) s'adressent directement aux 9-12 ans pour transmettre des infos pertinentes avec beaucoup de fun et de dérision.

Et vous, chers adultes lisant ce texte, ne boudez pas votre plaisir ni votre soif de connaissance. Pourquoi ne pas aussi écouter On s'expose avec vos jeunes et vous servir de cette occasion pour ouvrir la grande porte du dialogue sexu?

Ce que veulent savoir les jeunes

Tout! Ils veulent tout savoir. Ils sont curieux.euses, dégourdi.e.s, engagé.e.s et intéressé.e.s. Et le jeune qui entre dans le merveilleux monde de la puberté se pose souvent des centaines de questions. 

On s'expose répond à beaucoup d'entre elles (mais pas à toutes, on avait le beau défi de faire ça en trois minutes) en incluant, dans chaque capsule, un segment « Questions de jeunes ». Segment qui montre que toutes les questions sont valables et qui inspirera peut-être aussi nos spectateurs.trices à se mettre à l'aise pour poser leurs questions aux gens qui les entourent.

Une question qui revient souvent

Parmi toutes ces interrogations, une se décline à toutes les sauces : « Est-ce que je suis normal.e? Est-ce que c'est normal si...? Mon corps est-il normal? Est-ce que ce que je ressens est normal? ». D'ailleurs, il s'agit là d'une grande question qui pourrait aussi faire partie d'un cours sexu avec un angle philo « Qu'est-ce qu'être normal.e? ». 

Avec On s'expose, nous ne sommes pas entrés dans cet angle philo et avons plutôt préféré l'option « on rassure » : « Oui, c'est parfois normal d'avoir un sein plus gros que l'autre », « Oui, c'est parfois normal que les tailles de pénis varient », « Oui, c'est parfois normal d'avoir du désir pour son ami.e ». 

Ce qu'on doit transmettre

Et « rassurer » est un de nos nombreux rôles à assumer dans la conversation de la santé sexuelle tout comme : casser les stéréotypes, faire connaître le corps et ses parties, sortir de l'hétéronormativité, développer le regard critique, démystifier la puberté, faire réfléchir à des enjeux sociétaux importants tels que l'égalité, décomplexer, offrir des pistes pour que les jeunes apprivoisent leurs ressentis et explorent à leur rythme, à leur manière, etc. Gros mandat, hein? En effet. Mais ô combien stimulant!

Nous sommes ceux et celles qui avons le devoir d'inculquer un sujet qui, jusqu'à tout récemment, était encore tabou. Nous avons la responsabilité d'apprendre à nos jeunes ce que l'on ne nous a pas nécessairement transmis (j'ai 40 ans et ado, la notion de consentement était très peu abordée tout comme la simple description/fonction du clitoris). Et pour y arriver, nous devons réussir à apprivoiser nos inconforts. Nous devons nous-mêmes être curieux et trouver les outils qui nous conviennent pour aborder le sujet avec nos jeunes en leur proposant une vision revampée de la santé sexuelle. Une vision franche, saine, positive, ouverte et bienveillante. 

Et j'en profite ici pour ouvrir une parenthèse (vous avez bien remarqué que j'étais fan de parenthèse, non?) sur une petite anecdote lors de l'écriture de On s'expose

La parenthèse anecdote...

Mes premiers scénarios mentionnaient à profusion les termes « gars » et « fille ». « Tellement genré! » répliquerait votre ado intérieur. Et il a raison! 

À la suite de sérieuses discussions avec les incroyables sexologues de SEXurl et l'équipe de production, l'option d'aller vers une écriture plus inclusive s'est imposée. Dans On s'expose, on parle donc de « corps féminin » ou de « corps masculin » plutôt que de « fille » et de « gars ». Alors que je me considère assez ouverte d'esprit, j'ai tout de même dû me mesurer à mes propres freins mentaux. J'ai dû être à l'écoute de l'autre et d'enjeux qui, à la base, ne me concernent pas directement. 

Et ce que je croyais être une lourdeur au texte (oh! comme j'avais tort) est devenue une richesse tenant compte de chaque individu, une nouvelle forme d'écriture que j'ai vite adoptée pour On s'expose et  pour mes projets suivants. 

Bref, c'est aussi ça aborder la sexualité avec les jeunes : être parfois déstabilisé.e, développer sa curiosité sur des sujets méconnus (en passant, la non binarité a de plus en plus la cote chez nos jeunes), admettre qu'on ne sait pas tout (quelle belle activité que de chercher ensemble).

Mais plonger dans le monde de la santé sexuelle, c'est aussi hyper valorisant, passionnant et constructif.  Parole d'autrice! Ce qui m'amène vers le mot de la fin : osez trouver vos manières (avec humour... ou autrement) et vos outils pour ouvrir le dialogue avec les jeunes. Et parlez-en encore et encore, et dès le plus jeune âge, pour que la santé sexuelle n'ait plus aucun secret pour cette génération de curieux.euses et pour toutes celles qui suivront.

 

Découvrez l’univers sans complexe d’On s’expose sur IDÉLLO! On s’expose amène les jeunes à l’aube de la puberté ou en train de la vivre, à mieux comprendre ce qu’ils vivent et à développer des compétences essentielles à un sain développement : faire de l’auto-réflexion, poser des questions, établir des relations positives et respectueuses, penser de façon critique et gérer son bien-être autant physique, affectif, que mental. 

Visionner la série On s’expose - 9-12 ans sur IDÉLLO!

 

Voir aussi le guide de l'enseignant.es Éducation à la santé sexuelle chez les 9-12 ans On s'expose conçu par l’équipe Apprentissage numérique d’IDÉLLO en collaboration avec Estelle Cazelais, sexologue.

Ce texte vous a attisé votre curiosité?
Voici des pistes pour aller plus loin.
 

  • Lisez le segment « Quelques trucs et astuces pour discuter sexualité sans complexes » offert par Myriam Daguzan Bernier, autrice du livre Tout nu!

https://myriamdaguzanbernier.com/blog/2020/01/28/comment-parler-de- sexualite-avec-les-ados/

  • Écoutez la série Sex Education et prenez plaisir à noter comment les frenchs et ébats sexuels sont précédés de demandes verbales consensuelles. À l'ère des #moiaussi, ça donne confiance en l'avenir. 

https://www.netflix.com/search?q=sex%20education&jbv=80197526

  • Consultez la thématique Sexualité de Communication Jeunesse.

https://www.communication-jeunesse.qc.ca/theme/sexualite-primaire/

https://www.communication-jeunesse.qc.ca/theme/sexualite-secondaire/

  • Flânez sur le site de Tel-Jeune et trouvez des réponses précises à de nombreuses questions de jeunes.

https://www.teljeunes.com/Tel-jeunes/Tous-les-themes/Sexualite

  • Surfez sur le site de SEXurl, deux jeunes sexologues pleines de ressources. 

https://reflechiraca.co/

 

Sarah Lalonde
Scénariste de On s'expose

 

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