Le processus de création d’un récit numérique

Par Suzanne Korell

Suzanne Korell et deux élèves durant un atelier FSF

Au cours du printemps 2019, dans le contexte du projet FRANÇAIS SANS FRONTIÈRES, près de 300 élèves de plusieurs écoles en Ontario, tous apprenants de la langue française, ont fait entendre leurs voix en menant à bien la production d’un récit numérique ou d’un balado.

Pour accompagner les élèves dans cette mission, les équipes de formation IDÉLLO se sont déplacées dans différentes régions de la province et animer des ateliers en salle de classe. Quoique géographiquement dispersés tous affirment que curiosité, créativité et engagement se sont vite installés lors de chaque atelier!

Afin de souligner le beau travail effectué par chaque élève et dont les projets sont disponibles sur idello.org/fr/francaissansfrontieres, ainsi que d’encourager d’autres jeunes à avoir envie de créer leur propre projet FSF, nous vous proposons ici de suivre le processus de création d’un récit numérique, basé sur le travail de Nasim, une élève de 5e année en  programme d’immersion française.

Le projet se déroule essentiellement le selon les étapes du diagramme suivant, et en allant chercher les références indiquées sur le site web Français sans frontières.

1. Le premier objectif est d’ancrer l’élève dans le projet en lui faisant choisir un sujet.

  • Choisir un sujet : Inviter le groupe classe à visionner les tutoriels
  • Encourager l'élève à choisir un petit morceau de son héritage culturel, de son identité qu'il ou elle désire mettre en lumière.
  • Lorsque l’élève a décidé d’un sujet, invitez-le à partager ses idées auprès d’un petit groupe de ses pairs.

2. Découvrir les éléments d’un récit numérique :

    • Voir l'onglet Inspiration pour une sélection de récits numériques.
    • Visionner des exemples de récits numériques, par exemple : Un peu de ma culture, et déterminer l’intention d’écoute suivante :

Ce que j’entends

Ce que je vois

  • Noter les exemples de réponses. Ce tableau référentiel servira à guider la planification du texte de l’élève.

    3. On peut se servir de cette inspiration pour déterminer les parties du récit numérique.

    Par exemple, ce qu'on présente au début, au milieu, et à la fin du récit numérique. (Salutations, qui je suis, la ville/le pays où j’habite, d’où je viens, ce que j’aime, présenter mon sujet, décrire des personnes, des lieux, des expériences, prendre congé, remercier, placer des images, des sons et d’autres éléments pour rendre mon histoire engageante et intéressante, préparer une page titre et une page de crédits)

    4. Inviter les élèves à passer à l'étape de la rédaction, étape qui peut présenter des défis pour certains et certaines.

    • L'élève fait un plan.
    • L'enseignant/l'enseignante l’encourage à écrire des phrases simples, et offre au besoin des débuts de phrases ou des modèles de structures de phrases; il ou elle pose des questions qui guident l'élève à organiser l'information et à enrichir les idées et le vocabulaire de son texte. Enfin l'enseignant/l'enseignante, intègre dans sa discussion avec l'élève des stratégies de révision pour chacune des parties du texte.

DÉBUT : « Salut! Je m’appelle Nasim. J’ai 10 ans et je suis née à Ottawa-Barrhaven, mais ma famille vient de Tanzanie. J’ai 4 sœurs et 1 frère. J’ai pas d’animaux de compagnie, mais j’adore les chats. Je vais parer de 5 mots initiale du Swahili parce c’est la langue de ma culture. »

Critères de discussion
: Saluer; Qui je suis; La ville/le pays où j’habite; D’où je viens;  Ce que j’aime; Présenter mon sujet.

MILIEU/DÉVELOPPEMENT

  1. Watu : Ça veut dire “People”. Les personnes de ma culture disent ça quand ils voient un groupe de personnes. Par exemple, quand ils voient les personnes aller à la bibliothèque.
  2. Binamu : Ça veut dire “Cousins”. Quand ils parlent à propos de leurs cousins, ils disent ça ou ils disent “AuntieUncle”…
  3. Utamaduni : Ça veut dire “La culture”. Ils parlent trop à propos de la culture, car ils veulent que les personnes sachent d’où ils viennent.
  4. Badia : Ce n’est pas un mot. C’est une nourriture très populaire de Tanzanie. Ça ressemble à cela et ça ressemble à un Timbit de Tim Hortons.
  5. Jambo : Ça veut dit comme “Salut” ou “Bonjour” aux personnes. Ça va être très bizarre si tu dis “Hola” car ils ne vont pas comprendre!

Critères de discussion : décrire des personnes, des lieux, des expériences, donner des exemples et des explications, ajouter des détails.

FIN

En conclusion, je suis fière d’être africaine, et j’espère que tu sais un peu de mots en Swahili. Quel est ta langue traditionnelle?

Critères de discussion : Prendre congé; Remercier; Inviter son auditoire à s’exprimer

Suite à cette discussion, l'élève est prêt à sélectionner des images, des sons, de la musique, pour finaliser son scénarimage.

5. À ce stade du projet, l'élève se présente à la station pratique orale.

Cette étape est critique, car elle permet à l'élève de pratiquer à haute voix, auprès des animateurs, la présentation de son récit. Ensemble, on travaille à améliorer la prononciation, à adapter le volume et le débit, à s’exprimer avec rythme et fluidité. Par exemple, dans le texte de Nasim, nous avons choisi de travailler sur les structures suivantes : “Un chat / Les personnes de ma culture disent ça quand ils voient / À la bibliothèque / Ils parlent trop à propos de la culture, car ils veulent que les personnes sachent d’où ils viennent / Ça ressemble à ça / Ils ne vont pas / Langue traditionnelle

Nous avons aussi pratiqué à prendre des pauses et à varier le ton.

Note importante : Retenons que nous ne sommes pas à la recherche de la perfection,
mais d’encourager l’élève à faire des progrès et à prendre confiance à s’exprimer en français.

6. Enfin les élèves sont invités à passer au Rendez-vous Production où il/elle enregistre sa voix, et fait le montage de son récit numérique.

Suggestion : Conclure cette partie en demandant à l'élève d'exprimer ce qu’elle/il apprécie de son texte.

Visionner le récit numérique de Nesim, Les cinq mots initiales

7. Célébrer le succès des élèves!

Invitez les élèves à partager leur production avec le groupe classe et exprimer leur appréciation des récits de leurs camarades.

Le projet FRANÇAIS SANS FRONTIÈRES comprend trois objectifs :

  • Placer les élèves au cœur de leur apprentissage
  • Développer des compétences en littératie et en compréhension interculturelle
  • Mettre en pratique les compétences clés de l'ère numérique.

L’équipe de formation IDÉLLO, Patrick, Jessie, Annie, Mathieu et Suzanne l’affirment : Objectifs accomplis!

Ce projet a permis à ces jeunes personnes à s'ouvrir à la diversité, et à célébrer leur héritage culturel. C’est une activité de grande valeur pédagogique, qui favorise la réflexion, la discussion, la collaboration, la créativité et l'initiative personnelle.

Nous avons été particulièrement touchés par la fierté des élèves à l’égard de leur production.

Suzanne Korell

Agente de liaison IDÉLLO, Suzanne est passionnée par l’enseignement et l’apprentissage d’une langue; elle a participé à la rédaction de nombreux documents pédagogiques visant à répondre aux besoins particuliers des enseignantes et enseignants de français langue seconde à travers l’Ontario.