La bienveillance : un levier à l’amélioration de l’éducation inclusive au sein d’un climat scolaire positif
Par Érika Sacho, enseignante à l’École d’application pour élèves avec troubles sévères d’apprentissage - Consortium Centre Jules-Léger
Que se soit des enseignantes et des enseignants débutants ou chevronnés les rôles et les responsabilités qui leur sont confiés sont nombreux : de la gestion de classe, à la planification de l’enseignement et de l’apprentissage, au suivi des progrès des élèves, à la rédaction de bulletins et de PEI, à la communication aux parents et on en passe! Le personnel scolaire a aussi comme priorité d’instaurer un climat scolaire positif au sein de l’école, en plus d’avoir un rôle pivot dans le déploiement de stratégies telles que celle sur l’équité et l’éducation inclusive qui a été lancée en 2009 par le ministère de l’Éducation de l’Ontario.
Considérant toutes ces tâches, on peut comprendre que certains membres du personnel enseignant se sentent incertains ou accablés par la complexité d’inclure les maintes stratégies pédagogiques essentielles à la réussite scolaire. Bien que les termes bienveillance, équité, inclusion et bien-être soient bien répandus parmi les intervenants du domaine de l’éducation, très peu savent comment mettre ces principes en application de façon concrète afin de promouvoir un climat scolaire positif et favoriser la réussite scolaire des élèves.
Qu’est-ce que le personnel scolaire doit savoir sur ces concepts et quelles sont les pratiques ou les stratégies importantes à instaurer dès la première journée d’école?
En milieu éducatif, on propose la définition suivante de la bienveillance : c’est une volonté de viser le bien-être et le bonheur de l’autre, traduite par des gestes et des attitudes empathiques qui témoignent d’une considération et d’une ouverture pour autrui (Gouvernement du Québec, 2018). En effet, la bienveillance est un savoir-être qui va plus loin que la tolérance et le respect (Gouvernement du Québec, 2018). C’est pourquoi, dès la première journée d’école, il est primordial de porter un regard chaleureux, compréhensif et sans jugement sur tous les élèves. Avec rigueur et générosité, le personnel scolaire doit souhaiter qu’ils se sentent bien et être attentif à leurs besoins (Gouvernement du Québec, 2018). Puis, l'éducation inclusive est définie par le ministère de l’Éducation de l’Ontario (2009) comme : « les principes d’acceptation et d’inclusion de tous les élèves. L’éducation inclusive veille à ce que tous les élèves se sentent représentés dans le curriculum et dans leur milieu immédiat de même que dans le milieu scolaire en général dans lequel la diversité est valorisée et toutes les personnes sont respectées ».
Alors, comment utiliser la bienveillance comme levier à l’amélioration de l’éducation inclusive au sein d’un climat scolaire positif?
Afin d’observer les bienfaits dans la réussite scolaire, dans le niveau d’engagement des élèves, ainsi que leur bien-être et leur santé mentale, on suggère d’établir une culture de bienveillance dans le milieu scolaire. Pour ce faire, tous les membres de l’équipe scolaire doivent d’abord s’engager, puis mettre l'accent sur le développement d’un lien de confiance avec les élèves, l’apprentissage et la différenciation pédagogique. Il est crucial pour le personnel scolaire d’apprendre à connaître leurs élèves, principalement leurs intérêts, leurs forces, leurs défis, leurs besoins, leur niveau de motivation et d’engagement. Tout cela sans émettre des jugements!
Malgré la programmation chargée de la salle de classe, on suggère d’investir du temps pour mettre en place des périodes de bienveillance qui ciblent diverses thématiques telles que le racisme, l’ouverture d’esprit, la tolérance, la construction identitaire, le multiculturalisme, l’inclusion, etc. Par l’entremise d’activités bien structurées, le personnel scolaire favorise donc l’appartenance, la confiance, et l’ouverture de sorte que l’on encourage des relations saines et durables avec les élèves. Il est nécessaire pour l’équipe scolaire d’avoir des échanges pédagogiques non seulement sur la réussite des élèves, mais aussi sur la bienveillance.
Au Consortium Centre Jules-Léger (CCJL), la mission est d’offrir aux élèves ayant des troubles sévères d’apprentissage, une cécité, une surdité ou une surdicécité, un milieu d’apprentissage permettant de développer leur plein potentiel. Dans le but de créer un milieu d’apprentissage centré sur l’élève, le CCJL a visé, dans sa planification stratégique, quatre valeurs corporatives qui guident les décisions et les actions du CCJL, notamment la bienveillance, la collaboration, l’équité et l’inclusion. Des valeurs communes influencent la culture du milieu scolaire. Comme de nombreuses écoles, le CCJL a mis en place une approche pour favoriser un climat scolaire positif, en plus d’être un modèle de bienveillance : la discipline progressive. Ainsi, le CCJL a choisi d’implanter le système Soutien au comportement positif (SCP), un système qui a fait ses preuves dans de nombreuses écoles partout en Amérique du nord. Par opposition à l’approche de « tolérance zéro », le système SCP est un modèle de la réponse à l’intervention (RAI) appliqué sur le plan comportemental. Bref, le système SCP se fonde sur l’idée que les comportements attendus à l’école doivent être définis précisément, enseignés explicitement et qu’il doit y avoir un renforcement positif lorsque les comportements voulus sont manifestés.
L’éducation inclusive est fondée sur le principe d’équité qui signifie d’accorder à chaque élève, peu importe leur provenance, les ressources nécessaires pour favoriser la réussite de tous. À l’école d’application du CCJL, les élèves ayant des troubles sévères d’apprentissages ont tous des profils d’apprentissage variés. On peut bien dire que la diversité est la norme! Grâce à un personnel bienveillant, la conception universelle de l’apprentissage (CUA) et la différenciation pédagogique, on vise la rééducation pour traiter chez l’enfant sa difficulté à apprendre afin d’en faire une apprenante ou un apprenant plus efficace.
Pour optimiser le développement professionnel du personnel scolaire et par conséquent, favoriser la réussite des élèves, il est essentiel que les membres de l’équipe scolaire adoptent une posture réflexive et critique à l’égard de leur pratique pour une éducation inclusive.
Exemples de questionnement réflexif :
- Que se passe-t-il?
- Que peut-on améliorer?
- Quels sont les avantages, les désavantages d’agir ainsi?
Conseils pour le personnel scolaire :
- Connaître le profil de l’élève et le profil de classe.
- Axer sur les forces, les capacités et les intérêts des élèves.
- Être authentique, chaleureux et empathique dans ses contacts avec les élèves.
- Savoir comment exprimer et recevoir des sentiments.
- Encourager le sentiment d’appartenance et la collaboration.
- Dissocier les faits des opinions et des jugements face aux élèves.
- Éviter les jugements rapides suite à vos observations.
- Tenir compte de vos réactions personnelles et subjectives.
- Enseigner explicitement les comportements attendus, utiliser une discipline progressive et élaborer un système de renforcement positif.
- Connaître le milieu socioculturel et le milieu socio-économique de vos élèves.
- Comprendre l’importance et la richesse d’une diversité culturelle dans la littérature jeunesse et choisissez les œuvres en conséquence.
Références :
Gouvernement du Québec (2018). L’adulte comme modèle de bienveillance à l’école. Document de soutien 2018-2019. Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Québec. Récupéré de http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/education/adaptation-scolaire-services-comp/Climat-scolaire-thematique2018-Document-de-soutien.pdf
Ministère de l’Éducation de l’Ontario (2009). Comment tirer parti de la diversité. Stratégie ontarienne d’équité et d’éducation inclusive. Imprimeur de la Reine de l’Ontario. Toronto. Récupéré de http://www.edu.gov.on.ca/fre/policyfunding/equity.pdf
Érika Sacho | Enseignante à l’École d’application pour élèves avec troubles sévères d’apprentissage - Consortium Centre Jules-Léger
Depuis l'obtention de son baccalauréat en sciences de la santé avec mineure en psychologie, Mme Sacho a fait évoluer ses compétences dans les domaines de l'éducation en poursuivant une maîtrise en éducation avec une concentration en leadership, évaluation, programmes et politiques éducationnelles de l’Université d’Ottawa. Elle a continué à se concentrer sur son développement professionnel grâce à des cours sélectionnés en gestion de projet. Présentement à la formation à l’enseignement, Mme Sacho détient un poste d’enseignante à l’École d’application pour élèves avec troubles sévères d’apprentissage au Consortium Centre Jules-Léger, où elle a aussi travaillé comme conseillère en soutien des élèves depuis 2014. C'est une professionnelle francophone passionnée par l'éducation spécialisée et la gestion de projet. Ses intérêts professionnels incluent la technologie en éducation, les apprentissages socioémotionnels et l’enfance en difficulté.
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