Raconte-moi une histoire!
Ou pour le plaisir de lire avec toi
Par Josée Poirier-Crête
L’un des plus plaisants rôles que l’adulte joue auprès d’un jeune enfant c’est de l’initier à la littératie. Pour le temps d’une histoire, on le transporte dans un monde imaginaire sans frontière. Quelle merveille! Tout un monde s’ouvre à lui et on en est témoins. Mais comment soutenir cet émerveillement et accompagner ce réveil littéraire? C’est en nous voyant lire que l’enfant comprend l’utilité et le plaisir de la lecture. Les parents et les intervenants scolaires sont les premiers et les plus importants modèles de lecteurs. On lit beaucoup et dans diverses situations : les journaux, les revues, les étiquettes des produits, les recettes, les courriels et les textos, etc. Chaque situation invite l’enfant à copier notre comportement. Les images sur les boîtes de céréales, les pots de yogourt, les conserves, les noms des magasins sont autant de sources de lecture les petits « pré-lecteurs ». Lire les noms des rues et les endroits qu’on visite aide l’enfant à se situer et à reconnaître l’importance de la lecture dans notre quotidien pour s’orienter. De même, lire des histoires à voix haute lui fait découvrir les personnages et les lieux dans lesquels ils évoluent.
Très tôt les petits s’intéressent à l’objet même; le livre. Lorsque celui-ci se trouve dans leur environnement, ils cherchent à le toucher, le manipuler, le sentir et même à y goûter! Les tout-petits peuvent mâchouiller des livres imperméables et barboter avec eux dans le bain. L’éveil est commencé! En regardant les images, il pousse des cris pour exprimer ce qu’il observe. Il est bon de nommer ce qu’il regarde et de l’encourager, d’attirer son attention sur les couleurs et sur les détails de ce qu’il voit dans le livre. Dès ses premiers mots, il essaie de comprendre et de nommer ce qu’il voit dans le livre.
Plusieurs conseils existent. Afin de mieux se préparer et de maximiser l’impact du temps de lecture avec les petits, il est recommandé de lire le livre et de s’approprier l’histoire avant de la lire ensuite à l’enfant. Découvrir les forces et les faiblesses des personnages, leurs péripéties et le dénouement nous permet d’exploiter tout le potentiel du livre lors de sa lecture à l’enfant. Il importe d’examiner aussi la structure du texte; le choix des mots, les rimes, le dialogue s’il y a lieu, les structures répétées et la ponctuation. On bâtit ainsi son vocabulaire de base en nommant les objets dans les images. On joue avec les sons et les rimes en les répétant et en improvisant des jeux de mots pendant la lecture.
Une recherche menée par Anderson, and P. A. Herman en 1987 démontre qu’une lecture et l’exposition aux mots 20 minutes par jour à la maison augmente significativement le taux de réussite aux évaluations standardisées des enfants à l’école. Les enfants qui lisent tous les jours pour une période de 20 minutes sont ainsi exposés à plus de 1 800 000 mots par année!
En présence de mots nouveaux dans le texte, on peut avant la lecture consulter avec l’enfant un lexique imagé. Ainsi, des mots comme scaphandrier et périscope sont de mise lorsqu’on raconte une aventure sous-marine. S’il est vrai que ces mots ne font pas partie du quotidien, ils l’enrichissent certainement et alimentent la créativité dans les jeux qui viennent après la lecture.
Comment transmettre l’amour de la lecture? C’est simple! Il faut lire! Lire souvent. Lire pour se renseigner. Lire pour se divertir. Lire pour communiquer. Lire pour voyager. Pour démontrer que la lecture nous importe, il faut aussi y investir du temps en famille. Visiter la bibliothèque municipale, laisser l’enfant choisir ses livres et surtout relire aussi souvent qu’à sa demande ses histoires préférées. Relire une histoire c’est comme sauter dans ses pantoufles préférées : C’est réconfortant et rassurant. On sait à quoi s’attendre et c’est plaisant. Relire une histoire bien aimée procure ce même sentiment de sécurité et de bien-être à l’enfant. C’est aussi une excellente façon de consolider le nouveau vocabulaire.
En tant que lecteur, il est bon de réfléchir et de réagir à voix haute aux péripéties de l’histoire racontée. On partage nos réactions spontanément avec l’enfant. Cela permet d’aborder une gamme de sentiments et de montrer comment ressentir et exprimer ses sentiments face à ce que vit un personnage de l’histoire. Trouver des synonymes aux sentiments exprimés et relater des situations semblables vécues favorisent également une compréhension plus profonde des péripéties évoquées dans le texte.
Le professeur Pascal Lefebvre, agrégé aux Programmes d’orthophonie de l’Université Laurentienne à Sudbury, ainsi que professeur auxiliaire à l’École des Sciences de la réadaptation à l’Université d’Ottawa propose une variété de conseils à l’efficacité prouvée pour enrichir la lecture d’histoires auprès des enfants de 3 à 5 ans. Pour en savoir davantage n’hésitez pas à consulter Les Éditions Passe-Temps
Enfin, l’histoire intéressera-t-elle l’enfant? En fait, bien au delà de l’histoire, c’est le lecteur et le climat de confiance instauré qui sont au premier plan de la lecture partagée. La série Bookaboo disponible sur IDÉLLO en est un bon modèle. Le lien qui existe entre la lectrice invitée ou le lecteur invité et Bookaboo témoigne de l’importance des relations interpersonnelles. C’est lorsque, dans ce moment privilégié, l’enfant (ou dans ce cas-ci Bookaboo) et le lecteur se sentent bien, que les besoins affectifs sont comblés, qu’on favorise l’apprentissage et tous les bienfaits de la lecture.
L’amour de la lecture se transmet une histoire à la fois.
Josée Poirier-Crête
Agente de liaison IDÉLLO
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