Développer les habiletés sociales chez les élèves ayant un trouble sévère d’apprentissage

Par Stéphanie Racine et Catherine St-Amand-Guitard

 

En Ontario, les élèves francophones ayant des troubles sévères d’apprentissage ont la possibilité de recevoir des services au sein du Consortium Centre Jules-Léger. Ces élèves sont sujets à avoir des difficultés au niveau des habiletés sociales, et ce, en plus des difficultés liées à l’acquisition d’habiletés en lecture, en écriture et en mathématiques. Plus particulièrement, ces enfants ont fréquemment du mal à se faire des amis ainsi qu’à les conserver.

Définition des habiletés sociales

Les habiletés sociales se définissent comme un ensemble d’attitudes et de comportements qui permettent aux élèves d’entrer en contact avec les autres, de bien s’entendre avec eux, de se faire des amis, de travailler en équipe et de prendre sa place. Les habiletés sociales permettent de percevoir et de comprendre les messages transmis par les autres, de choisir une réponse à ces messages et de le communiquer par des moyens verbaux et non verbaux, de façon appropriée à une situation sociale. Les exigences envers les habiletés sociales attendues dépendent de l’âge de la personne (Naître et grandir, 2021).

Les bienfaits de favoriser les habiletés sociales

L’acquisition de bonnes habiletés sociales peut être un facteur de protection chez les élèves ayant un trouble d’apprentissage. Favoriser l’apprentissage de bonnes habiletés sociales chez les élèves permet d’augmenter le niveau de persévérance à l’école, de prévenir des problèmes de santé mentale et d’améliorer l’intégration au marché du travail pour les élèves plus âgés. Sur le plan personnel, les habiletés sociales influencent le développement d’amitiés et de relations de qualité. De plus, ces aptitudes favorisent une bonne estime de soi, des interactions sociales saines avec les autres, une diminution des comportements agressifs ainsi qu’un développement socioaffectif harmonieux.

Les conséquences des habiletés sociales sous-développées

Les difficultés au niveau des habiletés sociales peuvent avoir des impacts négatifs dans les différentes sphères de vie des élèves. En effet, les élèves ayant de faibles aptitudes sociales peuvent avoir du mal à déchiffrer les signaux sociaux qui ne sont pas démontrés de façon explicite dans les interactions, tels que le non verbal des personnes qui les entourent ou le débit de voix. Par exemple, ils peuvent interrompre les autres lors de conversations déjà débutées ou ne pas attendre leur tour de parole lors d’une discussion. Ils peuvent aussi avoir du mal à soutenir une conversation ou avoir la capacité de résoudre des conflits. De plus, l’autorégulation des émotions ou des comportements peut être plus difficile lors d’une situation conflictuelle. Ces élèves peuvent également avoir de la difficulté à décoder les messages dits verbalement. Par conséquent, ils peuvent sembler ne pas suivre les règles ou s’opposer à certaines consignes. Pour éviter ces comportements, il est primordial de vérifier fréquemment leur compréhension à l’égard des consignes qui leur sont transmises, surtout lors d’un enseignement explicite des habiletés sociales.

La détection des élèves à risque est primordiale

Considérant les difficultés sociales rencontrées par les élèves ayant un trouble sévère d’apprentissage, il est primordial que les enseignants et les intervenants détectent les élèves à risque, afin de les accompagner à acquérir les compétences voulues.  Les enseignants ainsi que les intervenants peuvent aider les élèves en créant un milieu sécurisant qui facilite l’acquisition de ces habiletés. De plus, le fait d’établir un climat apaisé permettra également de favoriser l’engagement des élèves dans leurs apprentissages.

Au CCJL, le programme pour troubles sévères d’apprentissage comprend une composante scolaire et une composante résidentielle.

L’objectif de la composante résidentielle au CCJL s’appuie sur l’importance de poursuivre l’intervention dans le cadre de la vie quotidienne des élèves. Chaque intervenant est responsable d’un petit groupe d’élèves et accentue le développement de leurs habiletés interpersonnelles par le biais de différentes approches psychoéducatives. 

L’intervenant résidentiel joue un rôle de soutien et d’accompagnement à travers différentes activités, en soirée. C’est ce que l’on nomme « le vécu éducatif partagé ». Ce contexte de vécu partagé favorise l’acquisition de certaines habiletés chez les élèves. En effet, certains contextes tels que l’heure du souper, la période de collation, les rencontres de groupe, les ateliers ainsi que les sorties en communauté, sont des moments privilégiés pour travailler leurs habiletés sociales.

Une des méthodes d’interventions les plus utilisées en résidence se nomme le modelage. Cette méthode permet à l’intervenant de démontrer un geste ou une stratégie, devant l’élève qui l’observe, et ce, tout en expliquant à voix haute sa réflexion. Le but est de favoriser la compréhension et l’appropriation du contenu, pour ensuite le mettre en pratique. Le modelage permet aux élèves de répondre à des questions comme « comment dois-je m’y prendre? » ou « à quoi dois-je penser avant d’agir? ». Le modelage aide l’élève ayant un trouble d’apprentissage à recevoir des rétroactions concrètes et positives à mesure qu’il apprend ces habiletés et qu’il les met en pratique. Cette stratégie  favorise aussi le développement de l’estime de soi.

 

Voici quelques exemples de situations en contexte résidentiel où les habiletés sociales sont travaillées. 

À l’heure du souper, les élèves font l’apprentissage des conventions sociales à table telles que, les bonnes manières, la politesse, l’autonomie et le respect de son environnement. Les conversations doivent être appropriées au niveau des choix de mots et des sujets abordés. 

Également, lorsqu’un conflit survient, les intervenants sont présents pour accompagner les élèves à bien s’exprimer et à encadrer le tour de parole. Ils les aident aussi à exprimer leurs émotions de façon appropriée et à trouver des solutions par eux-mêmes, ce qui favorise la responsabilisation.

En somme, le développement des habiletés sociales est une partie intégrante de la vie des élèves dans le programme résidentiel au Consortium Centre Jules-Léger. Le vécu éducatif partagé en résidence permet de faire une multitude d’apprentissages, ce qui fait de ce milieu un endroit privilégié.

Et vous, comment travaillez-vous les habiletés sociales dans votre quotidien?

Stéphanie Racine | Coordonnatrice résidentielle
Consortium Centre Jules-Léger

Catherine St-Amand-Guitard | Coordonnatrice résidentielle
Consortium Centre Jules-Léger

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