Sept idées et un projet emballant pour apprendre autrement

Par Louis Laroche

Lorsque j’ai créé mon site Web de classe il y a quelques années, j’ai mûrement réfléchi à un titre qui cernerait en deux ou trois mots ma façon de concevoir l’apprentissage. Apprendre autrement s’est imposé comme le choix le plus approprié pour refléter ma pratique. Voici un aperçu des principes de base qui guident mon quotidien d’enseignant.

1. Faire confiance

Je dirais qu’être à l’écoute des élèves et leur accorder votre confiance représente LE principe fondateur, duquel découlent tous les autres. Une bonne façon de procéder consiste à instaurer un conseil des élèves de la classe auquel on accordera autant de responsabilités et d’autonomie que possible, incluant, par exemple, l’organisation de l’espace, les règles de la classe, les projets spéciaux, l’accueil des invités et bien plus encore. L’enseignant conserve bien sûr toujours son droit de véto; dans mon cas, j’ai rarement eu à l’utiliser tant les enfants savent faire preuve de maturité.

2. Laisser des choix

Il m'apparaît primordial d’offrir aux élèves l’occasion de faire des choix. Qu’il s’agisse de choisir ses coéquipiers, son livre de lecture, son type de présentation, sa façon de s’organiser, ses outils de travail, etc. Selon l’âge et les capacités des membres de la classe, les choix offerts iront d’assez restreints à beaucoup plus étendus. Les élèves apprécieront évoluer dans un environnement où ils peuvent s’affirmer davantage, exercer leur sens critique et apprendre à faire des choix réfléchis. Bref, être eux-mêmes.

3. Aménager pour favoriser la collaboration

Dans la mesure du possible, l’aménagement physique de la classe devrait favoriser la collaboration. Je pense en particulier à l’aménagement d'îlots plutôt que des pupitres séparés. En contrepartie, il est tout aussi important de prévoir la possibilité de s’isoler, au moins pour certaines tâches, de façon à répondre aux besoins de tous les membres de la classe.

4. Sortir de la classe

En moyenne, j’estime sortir de la classe au moins une fois par semaine avec les élèves afin de profiter d’un lieu plus adapté à l’activité proposée que notre local de classe. Il peut s’agir d’un autre local de l’école, de la cour extérieure, d’un parc voisin, d’un musée, d’un théâtre, et bien d’autres endroits intéressants. Dans bien des cas, notre escapade ne coûte rien et dure une heure tout au plus. Nous nous déplaçons pour apprendre ou pour vivre des activités à saveur pédagogique. À titre d’exemple, je propose chaque année aux élèves de vivre comme activité préparatoire à l’écriture une marche d’inspiration dans un parc du voisinage afin d’y exercer son sens de l’observation, de noter des mots-clés et de produire quelques croquis qui serviront de points de départ à la création d’un récit une fois de retour en classe. Bouger, c’est bien connu, prédispose l’esprit à l’apprentissage.

5. Proposer des projets emballants

J’estime qu’il est de mon devoir de proposer des projets emballants, uniques, afin de favoriser l’engagement des troupes ainsi que l’enthousiasme et la créativité de l’enseignant. Je me souviens d’une stagiaire qui avait organisé une activité portant sur le slam à l’aide de deux de ses amis qu’elle avait pris la peine d’inviter en classe pour l’occasion. Le résultat fut captivant pour les élèves, pour elle, pour ses amis ainsi que pour moi, son maître associé. Notre future enseignante avait choisi d’exploiter le slam par intérêt personnel pour cette forme d’art. Au final, elle a réussi à nous faire vivre des moments magiques en combinant son enthousiasme et ses efforts.

6. Réserver du temps pour les projets des élèves

Tout bon programme hebdomadaire pourrait bénéficier d’une période consacrée aux projets proposés par les élèves. Certaines compagnies offrent une telle mesure à leurs employés en leur permettant de consacrer environ 10% de leur temps de travail à des initiatives personnelles. Les élèves seront en mesure de se surpasser et de vous étonner. Selon mon expérience, le travail en équipe de 2 à 4 élèves fonctionne bien au primaire.

7. Dédramatiser l’erreur

Je rappelle souvent aux élèves que Léonard de Vinci, considéré par plusieurs le plus grand génie de tous les temps, n’était pas à l’abri de l’erreur. Si le plus grand des génies commettait des erreurs, cela signifie que l’humble enseignant que je suis et ses élèves ont le droit de se tromper. Faire des erreurs devrait être perçu comme un signe d’apprentissage actif et sain. L’idée est même de s’en faire complice en précisant que l’erreur est acceptée en classe.

Un exemple concret : la création de balados en classe

Un des projets emballants que je propose aux élèves depuis quelques années consiste à créer des balados en classe. Les sujets sont choisis par les enfants, jamais imposés par l’enseignant, une marque de confiance visiblement appréciée. Je leur laisse ensuite préparer et pratiquer leur prestation pendant autant d’heures qu’il le faut. L’enregistrement tourne mal? Pas de problème! Étant donné que nous supportons le droit à l’erreur, il suffit de recommencer ou encore de couper au montage. Une fois le balado en ligne, nous en sommes fiers. Nous prenons toujours le temps de l’analyser afin de faire encore mieux la prochaine fois. Ce projet intégrateur amène tout naturellement les jeunes à lire, à écrire et à communiquer oralement dans un bel esprit de collaboration

Bien évidemment, l’idée d’apprendre autrement implique d’enseigner autrement afin de permettre aux élèves de profiter d’un environnement d’apprentissage optimal. Selon moi, le principe d’avancer à petits pas vaut mieux qu’une révolution ratée. Je vous invite à intégrer vos passions personnelles dans votre enseignement en plus de faire confiance à vos élèves afin de leur offrir le privilège d’apprendre autrement.

Ouvrage publié par l’auteur : Enseigner, c’est génial! Un enseignant inspirant partage ses idées pédagogiques pour les 8 à 12 ans, Chenelière Éducation https://bit.ly/3jcrzDm

Site Web de classe de l’auteur : www.apprendre-autrement-mtl.com/