Comment aborder des sujets sensibles avec les jeunes?
Pourquoi il y a des personnes qui se séparent quand elles sont mariées? Comment on fait des bébés? Pourquoi des personnes peuvent faire du terrorisme? Votre enfant ou votre élève vient de vous adresser une question que vous pourriez juger délicate ou qui porte sur un sujet lourd. Comment lui répondre?
Aborder un sujet sensible n'est pas chose aisée et peut même être stressante dans certains cas. Mais, chose certaine, les enfants ont besoin d’une réponse à leurs questions. Adopter une attitude bienveillante avec les jeunes, c’est aussi leur faire sentir qu’ils peuvent se tourner vers nous lorsqu’une question, si petite ou grande soit-elle, leur trotte dans la tête. Cela favorise l’expression de leurs émotions, idées et opinions dans un contexte respectueux et constructif. Et plus un sujet nous semble délicat, plus il est important d'en parler avec l’enfant, car sinon, il risque d'aller chercher ces informations chez ses pairs et sa réflexion sera peut-être moins solide.
Qu’entend-on par sujet sensible?
Un thème sensible est un thème qui…
- fait partie de l’actualité, que ce soit dans la classe, dans la vie de l’école ou dans la société en général;
- touche les valeurs et les croyances personnelles des élèves comme des enseignants et des parents;
- fait l’objet de débats au sein de la société et parmi les experts;
- est parfois d’une grande complexité. (Hirsch, 2017)
Quels sont les trucs ou astuces qui pourraient nous aider à répondre à de telles questions?
Martin Flintoff, enseignant accompagnateur pour le climat scolaire, offre de précieux conseils dans le cadre de la série Petits curieux, grandes questions produite par TFO, lorsque les enfants abordent des sujets difficiles :
1. Validez sa question.
Valorisez l’enfant pour vous avoir posé cette question. Même si elle vous met mal à l'aise, expliquez-lui que c'est une bonne question. De cette manière, vous éviterez de créer un tabou sur ce sujet.
2. Retournez sa question.
Demandez-lui: «Et toi, qu'en penses-tu?» Ou : «Et toi, que répondrais-tu?» Ceci va vous permettre de savoir quels sont les mots qu'il utilise pour parler de ce sujet, mais aussi qu'est-ce qui l'interroge ou qui l'intrigue réellement. Et de cette façon, vous serez mieux en mesure de répondre à sa question.
3. Répondez à sa question.
Votre réponse sera votre chance de faire valoir vos valeurs et votre point de vue sur le sujet abordé. Surtout si l’enfant est jeune, choisissez une réponse qui raconte une histoire plutôt que d’entrer dans les détails techniques.
4. Utilisez les vrais termes.
Ne prenez pas le risque de créer des tabous en évitant d'utiliser un mot ou en utilisant des termes imprécis. Ce serait signaler à l'enfant, inconsciemment, que c'est un sujet dont on ne peut pas librement parler.
5. Restez honnête.
Les questions difficiles ne le sont pas seulement pour les enfants. N'ayez pas peur de leur dire que vous ne connaissez pas la réponse à une question, que vous allez faire des recherches et que vous allez leur revenir avec des réponses. Admettre qu'on ne sait pas tout comme parent ou comme enseignant.e, c'est une force. Ça vous permet d'avoir une vraie discussion avec les jeunes plutôt qu'une leçon de vous à lui qui aura probablement un impact moins grand.
6. Ne cherchez pas l'exhaustivité.
Ne vous inquiétez pas ; le sujet peut paraître complexe, mais vous n'avez pas besoin d'en faire le tour immédiatement. Les questions de l’enfant vont surgir au fur et à mesure de son développement et évolueront avec son âge.
Et aussi… Prenez conscience de votre propre positionnement face à la question et tentez de cerner celui de vos élèves.
Avant d’aborder un sujet sensible, tentez de mieux saisir les défis particuliers qu’il présente pour vous. Sachant que les sujets sensibles suscitent des émotions particulières, souvent basées sur des idées préconçues, il importe de bien cerner les vôtres avant de tenter d’aborder celles de vos élèves. La peur, l’inquiétude, la colère ou l’incompréhension sont toutes des émotions légitimes. De la même manière, les diverses idées que l’on peut entretenir à propos de différentes croyances ou valeurs risquent d’influencer le regard que l’on porte sur la question étudiée. Prendre conscience de votre propre positionnement sur le sujet sensible avant de l’aborder vous permettra de l’animer de façon « professionnelle », tel que votre posture d’éducateur le prévoit. (Hirsch, 2017)
La question de l’éducation sexuelle
Au cours de leur développement, les enfants se posent inévitablement une foule de questions quant à la sexualité. Il semble que la recette magique pour aborder le sujet n’ait pas encore été trouvée, mais de plus en plus de contenus jeunesse nous aident à répondre aux questions des jeunes. Sur IDÉLLO, vous trouverez deux nouvelles séries qui abordent, en toute simplicité et sans complexe, l’éducation à la sexualité.
Parler de sujets sensibles, ça peut aussi devenir un moment privilégié avec nos élèves ou nos enfants. C’est offrir un espace sécuritaire aux jeunes où chacun peut s’exprimer et ainsi, établir un climat de bienveillance à l’école et à la maison. Et vous, comment abordez-vous les sujets sensibles avec les jeunes?
Annie Bourdeau
Spécialiste de contenu éducatif, EAO
abourdeau@tfo.org
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