Élevons-nous des enfants heureux?

Par Martine, Nathalie et Caroline Moffet

Ce texte est destiné aux parents en quête de sens. Il a été écrit à six mains, par trois sœurs et trois mamans qui font de leur mieux pour élever des enfants bien dans leur peau et bien avec les autres. Trois professionnelles œuvrant dans le milieu de l’éducation, de l’intervention et de l’accompagnement.
Telles trois jardinières en herbe, nous nous sommes lancé le défi de défricher la question suivante : élevons-nous des enfants heureux?

Crédit : Westend61 via Getty Images
Crédit : Westend61 via Getty Images

1. Être heureux, ça s’apprend, ça s’enseigne

Dans son livre, Comment élever les enfants les plus heureux du monde : les secrets de l’éducation à la danoise, Jessica Alexander avance que les enfants n’ont pas besoin de performer, mais bien de s’amuser. D’ailleurs, le modèle éducatif du Danemark valoriserait le jeu libre et la joie d’apprendre, ce qui permettrait de réduire l’anxiété et de favoriser la résilience. Cette place accordée au jeu aurait un impact sur le développement naturel de l’enfant qui lui permettrait d’apprendre selon son propre rythme, sans pression. Cette philosophie éducative s’inscrit même dans les foyers danois sous le terme le «hygge» : le cocooning en famille ou le temps libre passé ensemble. 

En ce qui a trait aux compétences socioémotionnelles, les parents danois mettraient les aptitudes sociales, l’autonomie, l’estime de soi au cœur de leurs valeurs familiales. Qui plus est, l’empathie serait une matière scolaire enseignée dès les premières années du primaire. Il appert même que ce modèle éducatif procurerait les fondements incontournables d’une éducation citoyenne. Résultat : le Danemark est l’un des pays qui a l’indice de bonheur le plus élevé au monde. 

Mais comme parent, comment peut-on y parvenir?

2. Apprenons à notre enfant à aimer les autres

Selon Léandre Bouffard, chercheur en psychologie, le bonheur n’est pas possible sans les relations avec autrui. Réfléchir à l’amour pour l’auteur, c’est penser à cette expérience positive dans nos rapports avec les autres. L’empathie, la sympathie, la compassion, la tendresse et la gentillesse sont pour lui un cadre de référence pour comprendre l’Autre. Donc, comme parents, si nous enseignons à notre enfant à percevoir de manière empathique la personne devant lui comme si elle ou il était lui, ses comportements, ses paroles et ses actions seront plus adéquats, plus justes. Il apprendra ainsi à maintenir des relations saines et devenir plus sage, plus efficace dans ses rapports interpersonnels. 

Un premier pas possible pour s’approcher des autres? Le sourire.

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3. Enseignons-lui le sourire

Le sourire, malgré les aléas de la vie, reste l’expression de la santé physique et mentale et de la bonté. 

Bouffard (2017, p.109) précise même que le sourire apaiserait le stress, serait « promoteur de coopération : les élèves extravertis, optimistes, en bonne santé sont généralement de bonne humeur, d’agréable compagnie sont plus compatissants et plus altruistes ». 

Bref, sourire est la base de nos relations sociales : il rassure, rapproche, réconcilie et apaise. Exprimons donc notre joie de vivre : rions avec notre enfant. Il apprendra à utiliser l’humour pour mettre de la perspective dans sa vie. Cela l’aidera devant les difficultés incontournables de la vie.

4. Contre l’adversité, les facteurs de protection

Il faut qu’il y ait le chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse.

Nietzche

Martine est conseillère familiale dans un centre de thérapie pour adolescents depuis 19 ans. Pour elle, les facteurs de protection sécurisent les enfants contre l’adversité. Ce sont des comportements ou des réflexions qui peuvent modérer les risques et diminuer la souffrance pour mieux faire face à une situation difficile.  

«Je constate que les parents, devant l’échec, la consommation ou les problèmes de santé mentale de leur enfant vivent souvent de la culpabilité. Je crois que leur énergie durant ces moments difficiles devrait être plutôt orientée sur ce qu’ils peuvent faire pour soutenir leur enfant. Comme parent, on veut éviter à tout prix la souffrance de notre enfant. Mais la souffrance et la déception font partie de la vie et permettent d’acquérir des outils pour surmonter les difficultés, les échecs et les obstacles. 

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J’ai vu des histoires magnifiques de résilience depuis 19 ans. Je suis convaincue que nos échecs, notre douleur et nos peines peuvent devenir des tremplins pour aller plus loin. C’est notre rôle comme parent de faire place à cette discussion avec nos enfants, le plus tôt possible. Offrons-leur la chance de développer leurs propres facteurs de protection et enseignons-leur à se connaître et à se dire, à se comprendre et à se respecter. 

En somme, les facteurs de protection deviennent un peu leurs armes secrètes qui leur servent de bouclier durant les épreuves. Ils peuvent ensuite être mieux armés pour surmonter les difficultés. C’est en quelque sorte une espèce de résilience personnelle qui leur permet de rebondir. C’est difficile, la vie parfois. C’est pour cela qu’il faut outiller nos enfants le plus tôt possible! Il faut leur parler des facteurs de protection». Comment?

Les suggestions de Martine à essayer :

  1. Ouvrez très tôt le canal de communication avec votre enfant
  2. Encouragez-le à être vrai et à nommer ses inconforts et partager les vôtres;
  3. Enseignez-lui les compétences en gestion de sa colère;
  4. Récompensez l’effort et pas seulement le rendement
  5. Intervenez positivement : exprimer trois émotions ou comportements positifs pour chaque émotion ou comportement négatif.

5. Aidons-le à développer son intelligence émotionnelle

Nathalie est intervenante-famille auprès de mères monoparentales. Pour elle, les compétences socioémotionnelles résident dans le développement de l’intelligence émotionnelle. Ce qu’elle veut, c’est aider les mères de son centre à développer leurs compétences parentales en leur proposant des pistes d’action, des trucs concrets pour leurs enfants. Comment ?

Quelques trucs de Nathalie :

  1. Vivre l’expérience du don : il apprendra la générosité, l’amabilité. 
  2. Exprimer sa joie de vivre : il apprendra à utiliser l’humour pour mettre de la perspective dans sa vie. 
  3. Utiliser la roue des émotions1 : il apprendra à réguler ses émotions et mieux comprendre celles des autres. 
  4. Valoriser ses qualités : il développera son estime personnelle.
  5. Développer sa créativité : il apprendra à être proactif et à trouver lui-même des solutions pour se sortir de l’embarras.

1 Plusieurs modèles existent, il est possible de les découper et de les placer bien en vue à la maison.

En conclusion

Avant d’écrire notre article, nous étions conscientes de la nécessité d’enseigner à nos enfants les compétences socioémotionnelles pour développer leur intelligence émotionnelle. Désormais, nous sommes plus que convaincues que nous, parents, avons un rôle crucial à jouer dans le développement de ces compétences que sont l’altruisme, le sourire et l’amour. Elles s’enseignent, s’apprennent, se partagent et protègent nos enfants pour qu’ils puissent rebondir et sortir gagnants des épreuves.

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Références

Alexander, J. J. (2020) Comment élever les enfants les plus heureux du monde : les secrets de l’éducation à la danoise. Marabout poche, 192 p.
Bouffard, L. (2017). LE BONHEUR, C’EST LES AUTRES. Revue québécoise de psychologie, 38, (2), 101–126. https://doi.org/10.7202/1040773ar


Les trois sœurs, auteures de ce texte de gauche à droite :

Martine Moffet, conseillère familiale au Centre le Grand chemin
Caroline Moffet, spécialiste de contenu éducatif, TFO
Nathalie Moffet, intervenante-famille à Mères et monde

 

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