« Les gars contre les filles? »

Par Aimé Majeau Beauchamp

Quelques mois après avoir fait mon coming-out comme personne non-binaire, j’ai fait une soirée de jeu de société avec des amis. On était 6 autour de la table et on allait commencer à faire les équipes. La première chose qu’un de mes amis propose, c’est « on joue les gars contre les filles? ». Immédiatement, je baisse la tête, j’ai soudainement une envie pressante de disparaître. Parce que même si je suis bien là, je me sens complètement invisible. Mais pire que ça, je me sens mal d’exister parce que je sais que dans trois...deux...une seconde, quelqu’un autour de la table va réaliser « l’erreur » et tout le monde va se sentir mal, moi le premier.

Cette expérience est banale et commune pour les personnes comme moi, les gens qui ne sont ni homme ni femme. Même si ça c’est passé à la maison, avec des amis, c’est le genre de chose qui arrive partout; à l’école, au travail, dans n’importe quel lieu ou évènement. Heureusement, il existe des moyens pour faire en sorte que les personnes non-binaires se sentent incluses et respectées. C’est ce dont je discute dans Masculin, féminin ou moi, le premier épisode de la série de balado J’en perds mes mots.

Crédit Jamie Grill via Getty Images
Crédit Jamie Grill via Getty Images

Un balado pour parler de soi et trouver des réponses

Avant de faire cet épisode dans lequel je parle de mon identité de genre, j’avais moi aussi de la difficulté à m’imaginer vivre en français en tant que personne non-binaire et francophone. Dans le balado, je m’interroge sur les alternatives en français pour intégrer les personnes non-binaires et rendre la langue plus inclusive. À travers mes rencontres avec d’autres personnes non-binaires, dont des artistes, activistes, chercheur.es et même an linguiste, je suis arrivé à trouver des alternatives qui me correspondent mieux.

Ce balado, bien que je l’ai fait pour m’aider moi-même dans ma démarche de transition sociale, pour trouver réponses à mes questions, j’ai aussi voulu en faire une ressource éducative en soi. Je voulais que ce balado parle à la fois aux personnes non-binaires elles-mêmes, qu’aux gens qui les entourent. Toucher les initiés comme les non-initiés. En fait, c’est le type de ressource à laquelle j’aurais aimé avoir accès lorsque j’étais moi-même enfant ou adolescent. J’aurais voulu entendre parler de la non-binarité, d’une manière humaine et positive, de savoir que non seulement ça existe, mais ça peut être merveilleux.

Inclusif et moins genré

En toute humilité, être une personne transgenre non-binaire ne me donne pas l’expertise pour parler de l’ensemble des expériences trans et non-binaire. Je ne suis ni expert en diversité de genre, ni pédagogue. Par contre, j’aimerais partager ici quelques-unes de mes suggestions afin de rendre le monde dans lequel on vit un peu plus inclusif et empathique. 

D’abord, il est préférable de ne pas faire référence au genre des gens qui vous entourent lorsque ce n’est pas pertinent. Privilégier un “Bravo!” à un “Bravo les filles!”, un “Bonjour” à un “Bonjour Monsieur”. Se faire constamment rappeler son genre assigné à la naissance lorsqu’on est une personne trans ou non-binaire équivaut à une micro-agression, qui a la longue peut être très éprouvant.

Ensuite, faire attention à ne pas séparer les garçons et les filles constamment ou former des équipes basées sur le genre. Comme je l’expliquais plus haut, proposer un match « Gars vs filles » est une des pire chose lorsqu’on est non-binaire.

Sensibiliser les élèves à la diversité des genres. Par exemple, un cours sur les menstruations est un bon moment pour mentionner que certains garçons, personnes non-binaires ou intersexes peuvent aussi avoir des règles.

Crédit : Orbon Alija E+ via Getty Images
Crédit : Orbon Alija E+ via Getty Images

Démystifier l’usage de pronoms neutres et accords neutres. Comme il est difficile, voire impossible, de deviner le pronom personnel d’une personne, il est toujours préférable d’en discuter ouvertement avec la classe. En début d’année par exemple, avoir des cartons avec le nom des élèves sur leur bureau est chose courante. Vous pouvez facilement leur demander d’ajouter le choix de leurs pronoms et des accords qu’iels préfèrent. C’est une bonne occasion de les sensibiliser aux différences et à développer leur empathie.

Toujours plus à apprendre

Il existe encore plusieurs autres moyens de rendre votre environnement plus inclusif. Je vous invite à continuer de vous renseigner sur le sujet, non seulement pour vos élèves ou vos enfants, mais aussi pour vos collègues et vos ami.es. Les personnes trans et non-binaires sont peut être invisibles, mais au combien réelles!

Vous pouvez écouter l’épisode Masculin, féminin ou moi de J’en perds mes mots sur toutes les plateformes de balado ou encore sur le site web ONFR+

Balado Masculin, féminin ou moi de la série ONFR+ Balados - J'en perds mes mots
7e année à la 12e année et Postesecondaire

Aimé Majeau Beauchamp c’est non seulement la personne en charge de réaliser J’en perds mes mots, mais c’est aussi une personne non-binaire. Faire un balado sur la langue française lorsqu’on n’utilise ni le féminin ni le masculin, c’est tout un défi. Est-il

Voir le balado Masculin, féminin ou moi de la série ONFR+ Balados - J'en perds mes mots sur IDÉLLO

Aimé Majeau Beauchamp
(iel/they/them)

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