Et si on slamait notre français?

Par l'Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF)

L’ACELF est un réseau pancanadien d’expertise-conseil en construction identitaire. Elle accompagne le personnel des écoles de langue française pour renforcer leur pouvoir d’action afin d’aider les jeunes à faire une place significative à la francophonie dans leur vie. Son blogue Francosphère, d’où est tiré ce texte, informe, inspire et met en valeur les meilleures pratiques en matière de construction identitaire.

Il n’existe pas un seul français. Il en existe plusieurs, en fait. On s’en rend compte lorsqu’on étudie en éducation et qu’on effectue quelques stages. Il y a des différences entre le français enseigné et celui dont les élèves font l’usage. Comment concilier ces registres de langue tout en aidant les jeunes à prendre confiance en leurs capacités? Comment combattre l’insécurité linguistique, tout en les aidant à bien s’outiller?

À travers le récit d’une activité réalisée avec ses élèves du secondaire, l’enseignante et chercheuse Dominique Bomans nous présente une avenue possible : slamer!
Dans son article « Le slam : du projet didactique à l’expérience humaine », paru dans le numéro de la revue Éducation et francophonie : « La francophonie, un objet à redéfinir », elle nous raconte son expérience pour aider ses élèves à progresser.

Francosphère a rencontré des étudiantes en éducation qui souhaitaient en apprendre plus sur cette expérience pédagogique novatrice. Dominique Bomans a répondu à leurs questions dans cette capsule vidéo.

Une façon créative de jouer avec la langue

Mais c’est quoi tout d’abord, le slam? Selon Dominique Bomans, « ça s’apparente fortement à la poésie. Au niveau des principes en tant que tels, c’est : une personne, un micro et un texte de 3 minutes à dire devant un public. Ce public, en général, est un public qui va vous juger de façon très ludique. C’est [davantage] basé sur les émotions et sur ce qu’on a ressenti que sur des critères d’évaluation extrêmement précis », explique l’enseignante. Cette dernière mentionne aussi le caractère flexible et créatif de ce mode d’expression : on peut utiliser toute une variété de registres de langage pour slamer. « Le slam est polymorphe et pluridimensionnel », explique-t-elle dans son article.

Gagner en confiance et s’ouvrir à la diversité

Choisir d’avoir recours à une performance orale rythmée aux règles imprécises, dans une classe, c’est assez loin des activités pédagogiques convenues. Et c’est plutôt original! « Pourquoi avoir choisi le slam? », demande Sophia Mirzayee, étudiante à la maîtrise en éducation à l’Université d’Ottawa.

Œuvrant dans une école de langue française d’un milieu québécois très anglicisé, Dominique Bomans explique que ses élèves devaient surmonter des difficultés : « Il y avait de tels décalages entre la langue scolaire et leur français que cela leur posait des énormes défis, ne fût-ce que pour venir ensuite poursuivre leur éducation en français », explique-t-elle. Dans son article, elle précise qu’elle était à la recherche de « moyens pour motiver la prise de parole [des] élèves et pour augmenter leur confiance ». « Le slam a permis véritablement de faire place à la production dans leur propre français, leur propre réalité langagière. Il a permis ensuite d’établir éventuellement des connexions avec le français plus standard et la langue plus  scolaire », répond la chercheuse.

À travers cette activité pédagogique sur le slam, devenue son sujet d’étude, Dominique Bomans mentionne que cela lui aura permis de « renouer avec l’Autre dans son identité et dans sa langue ». Dans cette perspective, le slam offre l’occasion de « définir la francophonie comme étant plus plurielle, plus inclusive [pour nous permettre de mieux répondre aux] défis d’inclusion de la diversité au 21e siècle », ajoute-t-elle.

Vous aimeriez savoir comment, vous aussi, vous pourriez intégrer le slam à vos activités? La Banque d’activités pédagogiques (BAP) vous offre justement des idées d’activités sur ce sujet : Prendre le micro pour notre histoire et « Slamons » ensemble!

Bref portrait d’une praticienne-chercheuse créative et engagée

Enrichie par ses expériences dans le milieu de l’enseignement, notamment à titre d’enseignante de français à l’école secondaire Sieur-de-Coulonge, en Outaouais, au Québec, Dominique Bomans est praticienne-chercheuse. « C’est vraiment un statut que je revendique comme étant non transitoire. Je pense que c’est très important […] d’avoir un pied ancré dans cette réalité-là pour pouvoir nourrir véritablement ma recherche et en même temps, faire en sorte que ma recherche puisse nourrir cette pratique-là », explique-t-elle. L’enseignante brille d’ailleurs par son implication auprès des élèves puisqu’elle est notamment lauréate d’un prix décerné par Forces Avenir au personnel engagé.

Originaire de Bruxelles, en Belgique, Dominique Bomans est étudiante au doctorat en éducation, à l’Université d’Ottawa. En 2019, elle s’est d’ailleurs classée parmi les finalistes du concours « Ma thèse en 180 secondes » de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (Acfas), pour sa thèse récitée en slam. Elle est, en outre, chargée de cours au département des sciences de l’éducation à l’Université du Québec en Outaouais (UQO).

Son projet scolaire sur le slam a remporté le prix Robert-Bourassa, décerné conjointement par le ministère de la Culture et des Communications du Québec et le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec, qui récompense des projets originaux, novateurs et rassembleurs faisant rayonner la langue française.

Au fait, la revue Éducation et francophonie, c’est quoi?

Éducation et francophonie est une revue scientifique arbitrée, publiée par l’ACELF, qui présente des résultats de recherche inédits sur l’éducation en langue française. Depuis 1971, elle contribue à l’avancement des connaissances en éducation francophone au Canada et stimule la réflexion des leaders du domaine. Les thèmes qu’elle aborde touchent tous les ordres d’enseignement et font appel à la contribution de chercheuses et de chercheurs à travers la francophonie canadienne et internationale. Son numéro « La francophonie : un objet à redéfinir », paru au printemps 2020, propose de considérer l’école comme un lieu de scolarisation, mais aussi un lieu de socialisation et de construction identitaire à l’ère de la mondialisation.

Les revues scientifiques, pourquoi c’est important?

Lorsqu’on étudie en éducation ou dans tout autre domaine, on est inévitablement amené à lire des textes publiés dans des revues scientifiques. Pourquoi est-ce important? Francosphère a posé la question à des étudiants de l’Université d’Ottawa. Selon Elie Ndala, étudiant à la maîtrise en éducation, « les articles scientifiques me sont utiles parce qu’ils me permettront de parfaire mes connaissances et d’avoir plus de ressources pour bâtir mon cursus ». Vicky Lalande, pour sa part, lit des études scientifiques dans le cadre de son baccalauréat en éducation primaire. « Je pense qu’elles m’aideront beaucoup dans le cadre de ma profession enseignante, que ce soit parce que je pourrai démystifier un peu la pédagogie de l’enseignement, mais aussi parce que je pourrai révéler les limites de l’éducation », explique-t-elle. Les revues scientifiques permettent donc de se construire en tant que futures enseignantes ou futurs enseignants.

Un merci tout spécial

Cette capsule est la dernière d’une série de trois vidéos portant sur le numéro « La francophonie : un objet à redéfinir », de la revue Éducation et francophonie. Vous pouvez visionner les capsules « Moi, j’suis pas francophone » et « Investir le monde numérique en français » sur Francosphère. Toutes les vidéos de la série ont été réalisées grâce à la participation bénévole d’Hélène Boulay, étudiante à la maîtrise en éducation, en collaboration avec le Centre Michaëlle-Jean pour l’engagement mondial et communautaire de l’Université d’Ottawa.

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