Étudier un roman… autrement!
Par Philippe Bélanger-Leroux
Depuis ma jeunesse, j’ai toujours rêvé d’être enseignant. Du haut de mes trois pommes, j’espérais avoir la passion de mon enseignante de troisième année Mme Michaud et la ténacité du personnage emblématique d’Émilie Bordeleau. Aujourd’hui, ce rêve d’enfance s’est transformé en ma raison d’être. Au quotidien, j’ai l’occasion d’amener mes élèves à lire et à écrire avec plaisir tout en favorisant le développement d’un rapport positif avec la langue et la culture de mes ancêtres.
En tant que pédagogue, je suis toujours à la recherche d’activités pédagogiques et de stratégies innovantes afin de motiver ceux pour qui la lecture ne plaît pas autant. L’apprentissage par la réalisation de tâches interdisciplinaires et créatives étant l’une des bases sur lesquelles se fonde ma pédagogie, j’ai souhaité regrouper, dans un article, quelques pratiques gagnantes et non traditionnelles pour l’étude d’un roman au cycle intermédiaire.
1. Instagram
Selon mon expérience, les activités pédagogiques les mieux réussies sont celles qui répondent aux besoins et aux intérêts des élèves. Puisque « 92 % des ados disent aller tous les jours sur les réseaux sociaux » (Felipe Antaya, École Branchée, 2017), je fais appel à Instagram pour l’étude d’un roman. À l’aide d’un mot clé (hashtag), l’élève peut ajouter une photo ainsi qu’une courte description comme approfondissement après la lecture d’un chapitre ou d’un extrait. Cette activité s’avère populaire chez mes élèves et présente de nombreux bienfaits éducatifs. En effet, grâce à ce réseau social, il est possible de vérifier la compréhension de lecture, assurer une plus grande différenciation pédagogique tout en travaillant la pensée critique à l’ère numérique.
2. Activité d’architecture
Afin d’aider mes élèves à mieux visualiser l’œuvre et à comprendre davantage le contexte historique du roman à l’étude, j’ai développé une activité interdisciplinaire qui intègre les arts visuels dans le cours de français. En utilisant les repères spatio-temporels mentionnés dans le roman, l’élève est invité à dessiner un lieu à l’aide de la perspective à deux points de fuite (par exemple une maison, une ville, une ferme, etc.). En plus de faire appel au processus créatif et à l’intégration des matières, cette activité STIAM permet à l’apprenant de concrétiser sa lecture. Pour l’élève qui préfère utiliser la technologie, l’application Room Sketcher est une autre option à explorer pour le design d’une pièce.
3. Minecraft
En tant qu’enseignant de français en milieu minoritaire, la réussite des garçons en matière de littératie est une de mes plus grandes priorités. Bien qu’il existe de nombreuses stratégies qui visent à favoriser un rapport positif avec la lecture chez les garçons, c’est Minecraft qui se présente comme une des plus efficaces dans ma classe. Plutôt que de demander aux élèves de produire le schéma narratif, vous serez surpris de voir à quel point ces derniers (même ceux avec des difficultés) seront en mesure de recréer la trame d’un roman à l’aide d’un jeu vidéo. Bref, Minecraft est la preuve que le jeu a sa place dans un cours de français afin de répondre aux attentes du curriculum.
4. Représentation artistique des expressions idiomatiques
Dans le but de valoriser les œuvres de notre coin de pays, la littérature franco-ontarienne est toujours mise en évidence dans mon enseignement. En matière de romans pour adolescents, il existe un groupe d’auteurs franco-ontariens qui publient des titres d’année en année. Parmi les coups de cœur de mes élèves, il importe de souligner les collections de Liliane L. Gratton et de Pierre-Luc Bélanger. Un des nombreux avantages d’étudier ces œuvres, c’est le fait qu’elles témoignent des réalités de l’Ontario français et qu’elles font usage des mots et des expressions du Canada français. Afin d’étudier ces expressions qui donnent de la couleur à notre langue, j’invite mes élèves à représenter visuellement une expression au choix parmi la liste proposée. Ces représentations artistiques peuvent aussi être utilisées comme mur de mot dans la salle de classe. Cette activité interdisciplinaire donne l’occasion à l’élève d’exploiter sa créativité et nous permet comme pédagogue de l’accompagner dans sa construction identitaire.
5. La bande dessinée
La bande dessinée se présente comme un autre moyen ludique et efficace de vérifier la compréhension de lecture chez les adolescents. Plutôt que de faire un résumé de chapitre ou de répondre à des questions de compréhension de lecture, l’élève peut représenter visuellement ce qu’il a lu à l’aide d’un logiciel ou d’une application comme Pixton ou Comic Life. Grâce à la technologie, le roman prend vie et l’élève a l’occasion de représenter à sa manière les personnages et les péripéties du roman.
6. Le nuage de mots
L’étude d’un roman est un excellent moyen d’enrichir le vocabulaire chez ses élèves. Afin d’explorer les mots de vocabulaire ou les thèmes à l’étude, l’aide-mémoire ou le nuage de mots est une activité pédagogique à mettre en pratique. Grâce à des sites comme nuagesdemots.fr et wordart.com, l’élève est fier d’afficher le nouveau vocabulaire qu’il a acquis pendant la séance de lecture. Voilà un exemple d’une stratégie d’enseignement qui peut être employée afin de renforcer l’acquisition du vocabulaire ou même de soutenir l’élève qui souffre d’insécurité linguistique.
En lisant cet article, j’espère que vous avez retenu le fait qu’il faut oser enseigner différemment afin de répondre aux besoins d’un plus grand nombre d’apprenants. Selon moi, voir briller un élève de ses vraies couleurs est le plus beau cadeau que l’on peut m’offrir.
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Philippe Bélanger-Leroux, EAO
École secondaire Toronto Ouest, Conseil scolaire Viamonde
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