Faciliter l’apprentissage socioémotionnel : Trucs et astuces efficaces et applicables au quotidien
Par Danielle Baker
L’apprentissage socioémotionnel joue un rôle important dans tous les domaines de la vie d’un enfant et ce, dès sa naissance. Dans cette sphère de développement, l’enfant apprend par l’exemple, influencé par son environnement et ses premières interactions sociales. Voilà pourquoi cette compétence clé peut souvent nous accabler en tant qu’intervenant(e)s auprès des enfants. Mettant en jeu plusieurs éléments différents, il est facile de perdre de vue notre rôle et nos responsabilités envers l’enfant.
Afin de guider l’enfant à maîtriser ses émotions face à certaines situations et à renforcer sa conscience de soi et des autres, il faut concentrer notre attention et nos efforts sur ce qui importe le plus : le bien-être de chaque enfant.
Retour à la base
L’enfant apprend ce qu’il vit. Dès la naissance, il définit son identité à travers la façon dont nous répondons à ses besoins et par ses interactions quotidiennes. En tant qu’adultes, nous sommes responsables d’apprendre à connaître l’enfant. Qu’est-ce qu’il aime et n’aime pas? Quel est son jouet préféré? Quelle est la routine qu’il semble apprécier? Ajoutons les notions que l’enfant apprend par le jeu et qu’il a un besoin primaire de se sentir en sécurité. Ill est clairement mis en évidence que l’environnement et la routine quotidienne doivent être établis pour l’enfant, et non l’adulte.
Il faut reconnaître que la base du développement socioémotionnel de l’enfant est établie de 0 à 12 mois. Bien que cette compétence évolue tout au long de sa vie, la première année est la plus cruciale. De 12 à 24 mois, l'enfant développe sa connaissance de soi-même, son habileté à se faire des amis et sa capacité à résoudre des problèmes. Il est donc compréhensible que nous ressentions ce sentiment d’accablement face à l’apprentissage socioémotionnel. Or, l’erreur que plusieurs adultes font est de penser que l’enfant est trop jeune pour apprendre ces compétences.
Même si l’enfant passe 30 heures par semaine en milieu de garde ou en milieu scolaire, c’est la famille qui contribue le plus à son développement social et à son bien-être cognitif. De fait, à son arrivée en service de garde ou en milieu scolaire, sa perception de lui-même et des autres est déjà ancrée en lui. Il est donc important de nourrir une communication ouverte avec les parents. En tant qu’intervenant(e)s auprès de cet enfant, nous ne pouvons que l’orienter vers des approches positives et lui offrir un environnement propice à la réussite.
Viser la connection et non la perfection
Dans le but de créer un environnement approprié et une routine axée sur l’enfant, nous devons avant tout apprendre à le connaître. Il nous faut éviter d’épuiser nos énergies sur ce que nous pensons que l’enfant aime ou a besoin. Nous devons également nous abstenir d’être en quête de cette fausse image d’une famille parfaite ou d’une salle de classe idéale.
L’enfant nous démontre tous les jours ce qu’il veut. Il le dit rarement de vive voix, mais ses comportements, ses histoires et ses jeux parlent pour lui. Pour alléger notre charge de travail, nous devons donc nous mettre au niveau de l’enfant et ainsi explorer son monde, à même son champ visuel. Il est impossible de le percevoir dans le nôtre.
Le tempérament de l’enfant est développé avant l’âge de 3 ans. Selon A. Thomas, S. Chess et H. Birch, les traits de personnalité d’un enfant sont déterminés par les facteurs suivants :
- Niveau d’activités
- Humeur
- Seuil de détresse (sensible, patient)
- Rythmicité (faim, sommeil)
- Intensité de ses réactions (influencée par le seuil de détresse)
- Curiosité ou retrait envers des nouvelles situations
- Distractibilité
- Adaptabilité
- Persistence
C’est à partir de ses traits de personnalité que nous retrouvons 3 types de tempéraments chez l’enfant : l’enfant facile, l’enfant difficile et l’enfant qui prend du temps avant de s’approcher. Les parents peuvent facilement décrire le tempérament de leur enfant. Conséquemment, ils se doivent d’être le point de référence clé pour créer un environnement propice à l’apprentissage socioémotionnel.
Il est impératif de comprendre que c’est le type de tempérament de l’enfant qui détermine où il se situe dans son développement socioémotionnel. C’est ce qui fait, par exemple, qu’un enfant va vous dire qu’il a fait quelque chose de mal en riant ou sans démontrer un soupçon d’émotion. Ceci ne dévoile pas pour autant un enfant méchant. L’enfant n’est pas son comportement. Le comportement ne fait que révéler à quel point l’enfant est en mesure d’évaluer une situation et agir par conséquent. Il revient à l’adulte, à ce moment, de comprendre ce qu'il doit enseigner à l’enfant.
Mettre l’enfant au cœur de son apprentissage
Pour qu’un enfant puisse comprendre, accepter et adapter ses émotions face à des situations perçues comme perturbantes, il faut lui montrer. Afin d’améliorer son bien-être, de diminuer son niveau de stress et de renforcer sa conscience de lui-même et des autres, là aussi, il faut lui montrer. Nous ne pouvons pas le faire pour lui.
Pour aider l’enfant à bien développer ces compétences, voici ce que nous pouvons faire:
- Lui octroyer le temps dont il a besoin, en tenant compte des adaptations nécessaires.
- Célébrer le processus d’apprentissage et non le résultat final.
- Aider l’enfant lors de ses interactions avec ses pairs, lui apprendre à attendre son tour et à partager son temps.
- Créer un environnement où il se sent en sécurité et entendu, même lorsqu’il n’a pas fait le bon choix.
- Lui donner la chance de prendre des initiatives. Le laisser faire mais être près de lui pour le guider au besoin.
- À l’âge scolaire, nous devons l’aider à trouver des ressources pour s’épanouir et pour éviter d’éventuels problèmes.
Toutes ces compétences sont apprises par modelage. Nous nous devons donc d’être les modèles que les enfants peuvent imiter. Nous devons être conscients des mots que nous utilisons et des comportements que nous adoptons.
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Une attention essentielle
Il est facile de nous perdre dans le monde complexe de l’apprentissage socio-émotif. Il est aussi tout à fait normal de nous questionner sur l’impact que nous avons sur le bien-être de l’enfant lorsque nous considérons tous les facteurs en jeu. À cet égard, il est important de ne pas perdre de vue que le succès de nos démarches se révèle plus tard dans la vie de l’enfant, au prorata du temps et de l’attention que nous lui allouons maintenant, dès ses premières années de vie.
Il est démontré que 70% des problèmes de santé mentale commencent durant l’enfance et l’adolescence (Gouvernement du Canada, 2006). Cette statistique peut certainement nous servir de motivation pour déployer tous les efforts nécessaires à l’intégration des approches positives dans les domaines de la vie scolaire et familiale de l’enfant. C’est en nous mettant à son niveau, en lui donnant le temps de s’exprimer et en lui procurant le sentiment qu’il est entendu que nous parviendrons à lui transmettre les outils d’une vie saine.
Danielle Baker
Fondatrice & PDG de Being Connected, EPEI, RTTP, auteure