Rencontre d’une jeune de la Génération Z : ma relation avec les médias
Par Félicitée Côté

Aujourd’hui, dans l’ère des médias sociaux, la technologie se transforme en ressource commune, tout en demeurant luxueux. Même si la technologie n’est pas encore globalement accessible, elle s’agit toutefois de la base de nos relations interpersonnelles. Nous sommes tous au courant de l’évolution des médias, que ce soit d’être connecté avec nos membres de famille ou d’acheter des produits via Facebook. Je me souviens quand il n’y avait même pas l'option de photos rectangulaires sur l’application, maintenant il m’arrive même de faire des achats sur Instagram. Je me demande parfois si les médias ont réussi à s’infiltrer complètement dans nos vies sans qu’on s’en rende compte. Néanmoins, il est surtout essentiel d’apprendre aux jeunes étudiants qu’il faut créer un équilibre entre l’utilisation des médias et la vie réelle. Je discuterai de ma relation quotidienne avec les médias et leurs effets dans le contexte de la salle de classe, le tout dans la perspective d'une élève de psychologie de la Génération Z.

Mon expérience personnelle avec les médias

En tant qu’élève au postsecondaire, je sais que j’aurais définitivement pu apprécier un genre de séminaire qui explique les dangers des médias sociaux. Toutefois, je m’imagine de retour au secondaire, accro à mon téléphone et il est fort probable qu’un tel message ne me passerait pas par la tête. La vérité demeure que tous mes amis étaient accrochés à leur téléphone, nous étions tous convaincus que les dangers ne s'appliquaient pas à nous et que le tout était exagéré. D’un côté, je me suis fait plusieurs amis en ligne. D’un autre côté, ce ne sont pas ces amitiés là qui sont encore à mes côtés, 2 ans plus tard. J’ai donc appris par expérience que la vie réelle ne se compare pas à ce qui est affiché sur mon écran. D’un aspect biologique, les adolescents se fient à l’amygdale pour prendre des décisions, vu que le cortex frontal n’est pas assez développé (Vink, 2014). L’amygdale gère les émotions, les pulsions et les peurs. Vous pouvez donc vous imaginer que ces décisions ne sont pas toujours logiques. Par ailleurs, c’est très souvent l’expérience personnelle qui nous fait réaliser qu’on est surtout pas invincible. On ne se le cachera pas, en tant qu’adolescent on aime très rarement se faire dire comment agir. J’ai dû goûter aux effets néfastes afin de venir à ma propre conclusion et de réaliser que les numéros de likes et mon image en ligne ne sont pas significatifs de ma personne. D’une manière assez intéressante, plusieurs de mes amis ont conclu que pour la nouvelle année, ils veulent réduire l’usage du cellulaire!

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Les bons côtés...

Premièrement, il est évident que les médias sociaux et numériques nous sont très utiles, leurs capacités augmentent régulièrement. Il est aussi vrai qu’ils permettent de facilement et effectivement partager de l’information, les élèves peuvent simplement accéder à l'information, l’étudier et la partager (W. Akram, R. Kumar. 2017). Il est aussi important de mentionner que c’est par les médias numériques que moi et d’innombrables étudiants sont capables de poursuivre nos études lors d’une pandémie globale. J’admet toutefois que mon éthique de travail en tant qu’étudiante a pris un coup maintenant que la majorité des examens sont à livre ouvert, ils n’exigent pas autant la mémorisation du contenu (mais je ne suis quand même pas une tricheuse, juste un peu plus paresseuse avant mes examens).

...Et les moins bons

Au sujet des effets nocifs, je m’explique: tout comme il est vrai que les médias sont incroyablement utiles, ils peuvent aussi nous servir très négativement. Ils briment très facilement notre perception de la réalité. Par exemple, il se peut qu’on se trouve sur la page instagram d’un de nos amis d’enfance. Cet ami, selon ses photos, semble vivre une vie paradisiaque et sans qu’on s’en rende compte, on commence à douter de notre parcours, peut-être on se demande comment il se fait qu’on ne se retrouve pas toujours en voyage comme lui? Entre autres, il est facile d’oublier le fait que les photos sur ces sites sont filtrées, retouchées et ne montrent qu’un petit moment de la vie d’un autre. En fait, moi aussi, il m’arrive trop souvent de me trouver profondément perdue dans Pinterest à visionner des photos filtrées. Autrement, les annonces que nous voyons régulièrement sont aussi retouchées et, majoritairement, elles ne montrent que des standards de beauté européens. C’est-à-dire que les jeunes étudiants sont surexposés à certains standards de beauté et apprennent rapidement que sur les médias, la représentation se limite principalement aux minces, grands et blancs. On peut donc s’imaginer ce que cela en fait de l’estime de soi fortement précaire des pré-adolescents et des adolescents.

Alors, que faire?

 Tandis que nous sommes entourés des médias sociaux et numériques, il est important de reconnaître une routine quotidienne qui est équilibrée entre la réalité et la présence des médias. Une relation saine avec son écran commence premièrement avec des limites et des restrictions. Dans le contexte d’un cours en ligne, le bien-être peut faire partie de la stratégie de livraison du cours. Par exemple, j’ai une copine qui m’a expliqué que ses professeurs imposent une pause santé après la première moitié du cours. Certains enseignants animent une courte pause yoga ou recommandent aux élèves de s’éloigner de leurs écrans. Cet équilibre est bénéfique pour la santé mentale surtout dans le contexte actuel.

Pourtant, il est délicat d’avertir les plus jeunes des effets nocifs des médias lorsque nous sommes en même temps en constante relation avec ces derniers. Donc, comment décrocher de ce cercle vicieux? J’ai eu la plaisante opportunité de prendre un cours de féminisme ce semestre, l’approche de ma professeure sert de parfait exemple d’une utilisation saine des médias numériques. Elle invite souvent des experts en la matière afin de ne pas toujours avoir le même format de cours répétitif. Finalement, elle enregistre le contenu de ses cours en allant prendre une marche à l’extérieur tout en décrivant l’environnement autour d’elle, elle partage ensuite son balado et nous invite à prendre une marche avec elle. Personnellement, je retiens très bien la matière de cette façon. Elle fournit également le format PowerPoint qui l’accompagne. Le format du cours est donc à ma discrétion, je préfère faire des tâches ménagères pendant que j’écoute le cours dans mes écouteurs. 

Une méthode additionnelle d’utilisation des médias sociaux pour en tirer avantage serait d’incorporer ces derniers dans des travaux. Mon enseignante de fondements biologiques du comportement nous a récemment demandé si nous serions tous intéressés de créer un TikTok expliquant la fonction des nerfs dans le système nerveux somatique. Ce travail me permet de récupérer deux points bonis. Évidemment, la grande majorité de la classe a accepté le défi. Personnellement, ma compréhension du sujet s’est surtout approfondie quand j’ai visionné les vidéos de mes camarades de classe puisqu’ils ont expliqué le sujet selon les tendances que je vois si souvent sur les médias sociaux. Nous avons la chance d’incorporer notre sens de l'humour et notre personnalité de cette façon. Les vidéos sont accompagnés d’un mot-dièse avec le code de cours pour les repérer sur l’application, par exemple #PSY2710. J’aime particulièrement le fait de ne pas avoir l’impression que je fais réellement un travail, je l’ai partagé avec mes copines et nous en avons bien rigolé. D’ailleurs c’est la matière que j’ai le plus retenue dans le cours.

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Tout cela pour dire…

Notamment, il serait efficace de prendre le temps de montrer à quoi ressemble une relation équilibrée entre un élève et les médias et à quoi ressemblerait un abus de ces derniers. Évidemment nous devons rappeler aux autres qu’on ne peut se fier complètement aux médias sociaux et qu’il est facile de se perdre dans l’univers des applications lorsqu’ils sont conçus pour nous captiver le plus longtemps possible. C’est communément avéré que les médias nous sont utiles en fait d’éducation et qu’ils servent d’appareil formidable pour la communication. Malgré tout, il faut absolument reconnaître qu’ils portent une influence considérable sur nos comportements, nos pensées, nos opinions et nos perceptions de soi et d’autrui. Il est donc impératif d’ajouter des habitudes saines dans notre quotidien à la même vitesse que l’on ajoute des heures en avant des écrans. Par contre, il ne faut pas oublier qu’on apprend surtout par l’expérience de vie. Il ne faut pas laisser la vie nous dépasser parce qu’on a la tête penchée vers notre écran.

Bibliographie

  • Telbis, N., Helgeson, N., Kingsbury, C. (2014) International Students’ Confidence and Academic Success. Journal of International Students 4(4), 330-341. ISSN: 2162-3104 Print/ ISSN: 2166-3750 
  • Vink, M., Derks, J., Hoogendam, J., Hillgers, M., Kahn, R. (2014) Functional differences in emotion processing during adolescence and early adulthood. NeuroImage (91), 70-76. ISSN: 1053-8119 https://doi.org/10.1016/j.neuroimage.2014.01.035
  • Akram, W., Kumar, R. (2017) A study on Positive and Negative Effects on Social Media on Society. International Journal of Computer Science and Engineering 5(10). ISSN:2347-2693

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Félicitée Côté
Étudiante en psychologie à l’Université d’Ottawa

 

 

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