Le consentement, un échafaudage!

Par Béatrice de Montigny

En Ontario, on parle de consentement dès la première année dans le curriculum d’éducation physique et santé. C’est aussi un sujet qu’on retrouve de plus en plus souvent dans les nouvelles. Mais comment aborder ce sujet épineux à cet âge? En parlant tout d’abord de consentement global.

Qu’est-ce que le consentement?

Lorsqu’on entend ce terme, on pense tout d’abord au consentement sexuel. Cependant, le consentement s’applique à plusieurs contextes. Il s’agit en fait de donner son accord, son approbation. Ainsi, on peut penser au contexte médical, à la propriété intellectuelle et j’en passe. Dans le milieu scolaire, on le voit lorsqu’on doit accepter qu’un enfant participe à une sortie scolaire, que sa photo soit prise et publiée ou que l’école contacte un spécialiste. Ainsi, le consentement est partout autour de nous; il suffit d’en prendre conscience.

En le voyant de cette façon, il est donc possible d’en parler dès la naissance d’un enfant en parlant d’amitié, de respect, de partage, de ce qu’on aime ou pas, de la nécessité de dire non parfois, de respecter les limites et les décisions de l’autre. On peut alors espérer que la transition vers la notion de consentement sexuel se fera plus naturellement. En effet, en bâtissant chaque année sur ce qui a été enseigné l’année précédente, il serait possible d’en voir les différentes composantes, chose très difficile à faire lorsqu’on l’aborde peu fréquemment, et ce, uniquement dans le contexte de l’éducation à la sexualité. En faisant de la sensibilisation chaque année, les élèves pourront développer un comportement responsable qui délimiterait les gestes inadéquats. Ce serait aussi plus facile pour l’adulte d’aborder ce sujet puisque ce serait fait de façon graduelle.

Les mises en situation ci-après représentent des évènements qui se passent régulièrement à la maison et à l’école. En réfléchissant à nos réactions, peut-être pourrons-nous davantage prendre conscience qu’on parle de consentement tous les jours, et qu’il est en fait plus facile qu’on pense d’en parler avec nos élèves. 

Mises en situation

  • Une invitée en classe veut serrer la main de tous les élèves pour leur dire au revoir. Un élève se sent inconfortable et vous le fait savoir, par son langage corporel.
    Comment réagir?
    Bien que l’invitée puisse de prime abord se sentir offusquée, si on veut leur apprendre à dire non lorsqu’ils sont inconfortables et si on veut qu’ils réalisent que les autres doivent respecter leur volonté, c’est tout d’abord à nous de modeler ce comportement en respectant leur souhait. On peut alors proposer qu’il lui fasse plutôt un salut de la main, ou un mot (un dessin s’il est plus jeune) de remerciement.
  • Lors d’une danse, une élève de 6e année vient vous voir et vous demande votre avis à savoir si elle devrait danser avec un garçon de sa classe qui le lui a demandé.
    Que répondez-vous?
    Cette histoire m’est arrivée lors de ma première année d’enseignement. La première chose qui m’est venue en tête, c’est de lui dire « pourquoi pas, il aura de la peine sinon ». Heureusement, je me suis reprise à temps et j’ai plutôt dit « en as-tu envie? Si oui, alors vas-y, et sinon, eh bien il aura un peu de peine, mais il va s’en remettre ». D’un autre côté, il faut apprendre à se respecter, et de l’autre il faut apprendre à composer avec le rejet, puisque ça nous arrivera tous un jour ou l’autre.
  • En maternelle, un enfant vient vous voir en pleurant, car son camarade de classe ne veut pas jouer avec lui aujourd’hui.
    Comment réagissez-vous?
    Cette situation m’arrive chaque semaine en tant qu’enseignante de la maternelle et du jardin d’enfants. Je leur explique alors qu’un ami a le droit de vouloir jouer seul ou avec d’autres enfants. Il n’est pas obligé de toujours jouer avec lui/elle (évidemment je ne parle pas de situation d’intimidation). Après quelques semaines, je les entends dire « Il a dit non, il a le droit! Tu peux jouer avec un autre ami si tu veux! »
  • Un élève de 2e année agace régulièrement une camarade de classe (lui tire les cheveux, lui lance des bouts de papier, la taquine). Cela ne semble pas déranger la petite fille.
    Comment réagir? Peut-être aurait-on tendance à dire le fameux adage « on agace ceux qu’on aime! » Par contre, que sommes-nous en train d’enseigner? Que c’est correct de manquer de respect et de faire mal à quelqu’un si on l’aime? Ce qui peut nous sembler mignon en 2e année le sera moins à l’adolescence… pourquoi ne pas plutôt prévenir dès qu’on peut?

Le consentement, un échafaudage

On peut voir avec ces exemples que le consentement est tout autour de nous; plus on en parle de façon globale lorsqu’ils sont jeunes, plus il sera facile d’en parler dans un contexte sexuel. Pris individuellement, les messages qu’on véhicule à travers nos interventions peuvent sembler anodins, surtout en bas âge, cependant il faut le voir comme un échafaudage. Les enfants font sens des messages qu’ils reçoivent à travers le temps; ils les enregistrent et cela a un impact sur leurs comportements. Le message doit donc être cohérent et constant. Les enfants ont le droit de ne pas aimer quelque chose et de dire non. Un non, c’est un non à l’enfance autant qu’à l’adolescence. Il faut que le message ait la même signification peu importe l’âge, sinon la transition sera difficile. Bref, si l’on veut construire une culture du consentement, il faut y aller étape par étape, et avoir un message constant tout au long de ce cheminement.

Vidéo Top sur le consentement de la série Vraiment Top
3e année à la 6e année
Est-ce que quelqu’un qui aime les câlins peut en faire un à n’importe qui? Est-ce qu’une personne qui ne dit pas non veut dire oui? Voici le top sur le consentement.

Visionner la vidéo Top sur le consentement de la série Vraiment Top sur IDÉLLO

Vidéo Consentement de la série On s'expose
3e année à la 8e année
Dans cet épisode, Emma et Léo appliquent la notion du « oui et du non ».

Visionner la vidéo Consentement de la série On s'expose sur IDÉLLO

Crédit : Véronique Moisan

Béatrice de Montigny
Enseignante au CEPEO, étudiante au doctorat en éducation

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